La couleur de cette lame cornée est ordinairement
noire, et marbrée de nuances moins foncées; mais le
fanon est souvent caché sous une espèce d’épiderme
dont la teinte èst grisâtre.
Maintenant disons comment les fanons sont placés.
Le palais présente un os qui s’étend depuis le bout
du museau jusqu’à l’entrée du gosier. Cet os est recouvert
d’une substance blanche et ferme, à laquelle
on a donné le nom de gencive de la baleine. C’est le
long et de chaque côté de cet os, que les fanons sont
distribués et situés transversalement.
Èn se supposant dans l’intérieur d’une baleine franche,
on voit donc au-dessus de sa tête deux rangées de lames
parallèles et transversales. Ces lames, presque verticales,
ne sont que très-foiblemeut inclinées en arrière.
Le bout de chaque fanon, opposé à sa pointe , entre
dans la gencive, la traverse , et pénètre jusqu’à l’os longitudinal.
Le bord convexe de la lame s’applique contre
le palais, s’insère même dans sa substance. Les franges
de crin attachées au bord concave de chaque fanon
font paroître le palais comme hérissé de poils très-gros
et très-durs; et sortant vers la pointe de chaque lame
au-delà des lèvres, elles forment le long de ces lèvres
une autre frange extérieure ƒ ou une sorte de barbe,
qui a fait donner le nom de barbes aux fanons des
baleines.
Le palais étant un peu ovale, il est évident que les
lames transversales sont d’autant plus longues quelles
Sont situées plus près du plus grand diamètre transversal
de cet ovale, lequel se trouve vers le milieu de
la longueur du palais. Les fanons les plus courts sont
vers l’entrée du gosier, ou vers lé bout du museau.
Il n’est pas rare de mesurer des fanôns de cinq mètres1
de longueur. Ils ont alors, au bout qui pénètre dans
la gencive, quatre ou cinq decimetres de hauteur, et
deux ou trois centimètres d’épaisseur; et l’on compte
fréquemment trois ou quatre cents de ces lames cornées,
grandes ou petites, de chaque côté de l’os longitudinal.
Mais, indépendamment de ces lames en forme de
faux, on trouve des fanons très-petits, couchés l’un au-
dessus de l’autre, comme les tuiles qui recouvrent les
toits, et placés dans une gouttière longitudinale, que
l’on voit au-dessous de l’extrémité de l’os longitudinal
du palais. Ces fanons particuliers empêchent que cette
extrémité, quelque mince et par conséquent quelque
tranchante qu’elle puisse être, ne blesse la lèvre inferieure.
Cependant, comment se développent ces fanons?
Le savant anatomiste de Londres, M. Hunter, a fait
voir que ces productions se développoient d’une manière
très-analogue à celle dont croissent les cheveux
de l’homme et la corne des animaux ruminans. C’est
une nouvelle preuve de l’identité de nature que nous
avons tâché de faire reconnoître entre les cheveux, les-
poils, les crins, la corne, les plumes, les écailles, les
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