morceaux de trois .décimètres carrés de surface ou
environ; et on entasse ces morceaux dans les tonnes.
Veut-on le faire fondre, soit à bord du navire, comme
les Basques le préféroient; soit dans un atelier établi
à terre, comme on le fait dans plusieurs contrées, et
comme les Hollandois l’ont pratiqué pendant longtemps
à Smeerenbourg dans le Spitzberg ?
On se sert de chaudières de cuivre rouge, ou de fer
fondu. Ces chaudières sont très-grandes : ordinairement
elles contiennent chacune environ cinq tonneaux
de graisse huileuse. On les pose sur un fourneau de
cuivre; et on les y maçonne pour éviter que la chaudière,
en se renversant sur le feu, n’allume un incendie
dangereux. On met de l’eau dans la chaudière avant
d’y jeter le lard, afin que cette graisse ne s’attache
pas au fond de ce vaste récipient, et ne s’y grille pas
sans se fondre. On le remue d’ailleurs avec soin, dès
qu’il commence à s’échauffer. Trois heures après le
commencement de l’opération, on puise l’huile toute
bouillante , avec de, grandes cuillers de cuivre ; on la
verse sur une grille qui recouvre un grand baquet de
bois : la grille purifie l’huile, en retenant les morceaux,
pour ainsi dire, infusibles, que l’on nomme lard1o
n' s * .
* On remet ces lardons dans la chaudière, pour en tirer une colle qui
sert à différens usages ; et après l'extraction de cette colle, on emploie à
nourrir des chiens le marc épais qui reste au fond de la cuve.
L’huile, encore bouillante, coule du premier baquet
dans un second, que l’on a rempli aux deux tiers d’eau
froide, et auquel on a donné communément un métré
de profondeur, deux de large, et cinq ou six de long.
L’huile surnage dans ce second baquet, se refroidit, et
continue de se purifier en se séparant des matières
étrangères qui tombent au fond du réservoir. On la
fait passer du second baquet dans un troisième, et du
troisième dans un quatrième. Ces deux derniers sont
remplis , comme le second , d'eau froide, jusqu aux
deux tiers; l’huile achève de s’y perfectionner; et du
dernier baquet on la fait entrer, par une longue gouttière
, dans les tonneaux destinés à la conserver ou à la
transporter au loin.
Au reste, moins le temps pendant lequel on garde,
le lard dans les tonnes est long, et plus l’huile qu on
en retire doit être recherchée.
L’huile et les fanons de la baleine franche ne sont
pas les seules parties utiles de cet animal. Les Groen-
landois , et d’autres habitans des contrées du Nord,
trouvent la peau et les nageoires de ce cétacée très-
agréables au goût. Sa chair fraîche ou salée a souvent
servi à la nourriture des équipages basques. Le capitaine
Colnett rapporte que le coeur d’une jeune baleine qui
n’avoit encore que cinq mètres de longueur, et que
ses matelots prirent au mois d’août 1793, près de Gua-
timala, dans le grandOcéan équinoxial, parut un mets
exquis à son équipage. Les intestins de la baleine