immense, formée par la surface d’une mer tranquille,
leur vue, qui n’est alors arrêtée par aucune inégalité
semblable à celles de la surface sèche du globe, et
qui ne -reçoit de limite que de la petitesse des objets,
ou de la courbure de la terre. '
A la vérité, ils n’ont pas d’organe particulier conformé
de manière à leur procurer un toucher bien sûr
et bien délicat. Leurs doigts en effet, quoique divisés
en plusieurs osselets, et présentant, par exemple ,
jusqu a sept articulations dans l’espèce du physétère
orthodon, sont tellement rapprochés, réunis et recouverts
par une sorte de gant formé d’une peau dure
et épaisse, qu’ils ne peuvent pas être mus indépendamment
l’un de l ’autre, pour palper, saisir et embrasser
un objet, et qu’ils ne composent que l’extrémité
d’une rame solide, plutôt qu’une véritable main. Mais
cette même rame est aussi un bras, par le moyen
duquel ils peuvent retenir et presser contre leur corps
les différens objets ; et il est très-peu de parties de leur
surface où la peau, quelqu’épaisse qu’elle soit, ne
puisse être assez déprimée, et en quelque sorte fléchie,,
pour leur donner, par le tact, des sensations assez
nettes de plusieurs qualités des objets extérieurs. On
peut donc croire qu’ils ne sont pas plus mal partagés
relativement au toucher, que plusieurs mammifères,
e t , par exemple , plusieurs phoques,, qui paraissent
jouir d’une intelligence peu commune dans les animaux,
et de beaucoup de sensibilité.
L’organe de l’ouïe, qui leur a été accordé, est renfermé
dans un os qui, au lieu de faire partie de la
boîte osseuse, laquelle enveloppe le cerveau, est attaché
à cette boîte osseuse par des ligamens, -et comme
suspendu dans une sorte de cavité. Cette espèce d’isolement
de l’oreille, au milieu de substances molles
qui amortissent les sons qu’elles transmettent, contribue
peut-être à la netteté des‘impressions sonores,
qui, sans ces intermédiaires, arriveroient trop multipliées
, trop fortes et trop confuses à un organe presque
toujours placé au-dessous de la surface de l’océan, et
par conséquent au milieu d’un fluide immense , fréquemment
agité, et bien moins rare que celui de l’atmosphère.
Remarquons aussi que le conduit auditif
se termine à l’extérieur par un orifice presque imperceptible
, et que, par la très-petite dimension de ce
passage, la membrane du tjmpan est garantie des
effets assourdissaus que produiraient sur cette membrane
tendue le contact et le mouvement de l’eau de
la mer.
Mais, comme l’histoire des animaux est celle de leurs
facultés, de même que l’histoire de l’homme est celle
de son génie, tâchons de mieux juger des facultés des,
cétacées ; essayons de mieux connoître le caractère,
particulier de leur sensibilité, la nature de leur instinct
, le degré de leur intelligence ; cherchons les
liaisons qui, dans ces mêmes cétacées, réunissent un
sens avec un autre, et par conséquent augmentent la<