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Albert rapporte que de son temps des pêcheurs, au
lieu de jeter le harpon avec la main, le lançoient par
le moyen d’une baliste; et le savant Schneider fait observer
que les Anglois , voulant atteindre la baleine à
une distance bien supérieure à celle de dix mètres, ont
renouvelé ce dernier moyen, en remplaçant la baliste
par une arme à feu, et en substituant le harpon à la
balle de cette arme, dans le canon de laquelle ils font
entrer le manche de cèt instrument1. Les Hollandois ont
employé, comme les Anglois, une sorte de mousquet
pour lancer le harpon avec moins de danger et avec
plus de force et de facilité V
A l’instant où la baleine se sent blessée, elle s’échappe
avec vitesse. Sa fuite est si rapide, que si la corde, formée
par toutes les lignes qu’elle entraîne, lui résistoit
un instant, la chaloupe chavireroit et coulerôit à fond :
aussi a-t-on le plus grand soin d’empêcher que cette corde
ou ligne générale ne s’accroche; et de plus, on ne cesse
de la mouiller, afin que son frottement contre le bord
de la chaloupe ne l’enflamme pas et n’allume pas le bois.
Cependant l’équipage, resté à bord du vaisseau,
observe de loin les manoeuvres de la chaloupe. Lorsqu’il
croit que la baleine s’est assez éloignée pour avoir
obligé de filer la plus grande partie des cordages,
|* Pétri Arledi Synonymia piscium , etc. auctore J. G. Schneider, etc.
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2 Histoire des pêches des Hollandois dans les mers du Nord, traduction
françoise du citoyen Dereste, tome I, p. 91.
une seconde chaloupe force de rames vers la première,
et attactfe successivement ses lignes à celles qu’emporte
le cétacée.
Le secours se fait-il attendre? les matelots de la chaloupe
l’appellent à grands cris. Ils se servent de grands
porte-voix; ils font entendre leurs trompes on cornets
de détresse. Ils ont recours aux deux lignes qu’ils
nomment lignes de réserve ; ils font deux tours de la
dernière qui leur reste; ils l’attachent au bord de leur
nacelle; ils se laissent remorquer par l’énorme animal;
ils relèvent de temps en temps la chaloupe qui s’enfonce
presque jusqu’à fleur d’eau, en laissant couler peu: à
peu cette seconde ligne de réserve, leur dernière ressource;
et enfin, s’ils ne voient pas la corde extrêmement
longue et violemment tendue se casser avec
effort, qu le harpon se détacher de la baleine en déchirant
les chairs du cétacée, ils sont forcés de couper
eux-mêmes cette corde, et d’abandonner leur proie,
le harpon et leurs lignes, pour éviter d’être précipités
sous les glaces, ou engloutis dans les abîmes de l’océan.
Mais lorsque le service se fait avec exactitude, la
seconde chaloupe arrive au moment convenable ; les
autres la suivent, et se placent autour de la première,
à la distance d’une portée de canon l’une de l’autre,
pour veiller sur un plus grand champ. Un pavillon particulier
nommé gaillardet, et élevé sur le vaisseau,
indique ce que l’on reconnoîtdu haut des mâts, de la
route du cétacée. La baleine, tourmentée par la dou-
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