Le dessous de la tête et de la partie antérieure du
corps, est revêtu d’une peau plissée ; les plis sont longitudinaux,
parallèles; et l’on en voit dans toute la
largeur du corps, depuis une pectorale jusqu’à l’autre.
Ces plis disparoissent lorsque la peau est tendue,
et la peau en se tendant laisse l’intervalle nécessaire
pour le développement de l’organe particulier cjue
nous avons annoncé. Cet organe est une grande poche
ou vessie (en anglois, bladder), placée en partie dans
l ’intérieur des deux branches de la mâchoire inférieure,
et qui s’étend au-dessous du corps. On peut juger de
sa position, de sa figure et de son étendue, en jetant
les jeux sur une des gravures que j’ai fait faire d’après
les dessins envojés par sir Joseph Banks. Cette poche,
qui se termine par un angle obtus, a au moins une largeur
égale à celle du corps. Sa longueur, à compter
du gosier, égale la distance qui sépare 'ce même gosier
du bout de la mâchoire supérieure.
' Suivant une note écrite sur un des dessins que nous
venons de citer, le cétacée peut gonfler cette poche au-
point de lui donner un diamètre de près de trois
mètres et demi, lorsque la longueur totale de la baleinoptère
est cependant encore peu considérable. L’air
atmosphérique que l’animal reçoit par ses évents,
après que ces mêmes évents lui ont servi a rejeter l’eau
surabondante de sa gueule, doit pénétrer dans cette
grande poche et la développer.
Cet organe établit un nouveau rapport entre les
poissons et les cétacées. On doit le considérer comme
une sorte de vessie natatoire, qui donne une grande
légèreté à la baleinoptère , et particulièrement à sa
partie antérieure, que les os et la grosseur de la tête
rendent plus pesante que les autres portions de l’animal.
Peut-être cependant cet organe a-t-il quelque autre
usage : car on a écrit qu’on avoit trouvé des poissons
dans le réservoir à air des cétacées; ce qui ne devroit
s’entendre que de la poche gutturale de la baleinoptère
museau-pointu, du rorqual, de la jubarte, etc.
Au reste, la place et la nature de cet organe peuvent
servir à expliquer le phénomène rapporté par Hunter,
lorsque cet habile anatomiste dit que dans un individu
de l’espèce que nous examinons, pris sur \er Dogger-
banck. et long de près de six mètres, les mâchoires se
tuméfièrent par un accident dont on ignoroit la cause,
au point que la tête, devenue plus légère qu’un pareil
volume d’eau, ne pouvoit plus s’enfoncer.
Cette supériorité de légèreté que la baleinoptère
museau-pointu peut donner à sa tête, rend raison en
partie de la vitesse avec laquelle elle nage. On a observé
en effet qu’elle voguoit avec une rapidité extraordinaire.
Elle poursuit avec tant de célérité les salmones
arctiques et les autres poissons dont elle se nourrit,
que, pressés par ce cétacée, et leur fuite n’étant pas
assez prompte pour les dérober au colosse dou-t la
gueule s’ouvre pour les engloutir, ils sautent et