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 baguettes,  et  faire  des cannes flexibles  et  légères.  On  
 a  pensé  aussi  qu’on  pourroit  en  dégager  les  crius  de  
 manière à s’en servir pour faire des cordes, de la ficelle,  
 et  même une  sorte  de  grosse  étoffe * *. 
 Mais  quel  est  l’organe  de  la  baleine  qui  ne  mérite  
 pas  une  attention  particulière?  Examinons  ses  jeux,  
 et  reconnoissons  les  rapports  de  leur  structure avec  la  
 nature  de  son  séjour. 
 L’oeil  est  placé immédiatement au-dessus de  la  commissure  
 des  lèvres ,  et  par  conséquent  très-près  de  
 lepaule  de  la  baleine.  Presque  également  éloigné  du  
 monticule  des  évents  et  de  l’extrémité  du  museau,  
 très-rapproché du bord inférieur de l’animal, très-écarté  
 de l’oeil opposé,  il ne  paroît destiné qu’à voir  les objets  
 auxquels  la  baleine  présente  son  immense  côté ;  et  il  
 ne  faut  pas  négliger  d’observer  que  voilà  un  rapport  
 frappant  entre  la  baleine  franche,  qui  parcourt  avec  
 tant  de  vitesse  la  surface  de  l’océan  et  plonge  dans  
 ses  abîmes,  et  plusieurs  des - oiseaux  privilégiés  qui  
 traversent  avec  tant de  rapidité  les  vastes  champs  de  
 l’air  et  s’élancent au  plus  haut de  l’atmosphère.  L’oeil  
 de  la  baleine  est  cependant  placé  sur  une  espèce  de  
 petite convexité  qui,  s’élevant  au-dessus  de  la  surface  
 des  lèvres,  lui  permet de  se diriger de  telle sorte,  que 
 avec  adressé  et  habileté.  [Description  du  département,  de  l’ Oise ^  par  le  
 citoyen Cambri  ;  ouvrage  digne  d'un  administrateur  habile,  et  d’un  ami  
 très-éclairé'de  sa  patrie,  des sciences  et des 'art-s.)'  ; 
 * Histoire  des pêches des  Hollandois, "etc."tome  I , p.  6a. 
 lorsque l’animal  considère un  objet un  peu  éloigné,  il  
 peut le voir de ses deux jeux à la fois, rectifier les résultats  
 de ses sensations,  et mieux juger  de la distance. 
 Mais ce  qui étonne dans  le premier moment de l’examen, 
   c’est  que  l’oeil de la baleine soit si petit, qu on a  
 peine  quelquefois  à  le  découvrir.  Son  diamètre  n’est  
 souvent que la cent quatre-vingt-douzième partie de la  
 longueur  totale  du  cétacée.  Il  est garni  de paupières,  
 comme l’oeil des autres mammifères : mais ces paupières  
 sont si  gonflées par  la  graisse  huileuse  qui  en  occupe  
 l’intérieur,  qu’elles  n’ont  presque  aucune  mobilité ;  
 elles  sont  d’ailleurs  dénuées  de  cils,  et  l’on  ne  voit  
 aucun  vestige  de  cette  troisième  paupière  que  l’on  
 peut  appercevoir  dans  l’homme,  que  l’on  remarque  
 dans  les  quadrupèdes,  et  qui  est  si  développée  dans  
 les  oiseaux. 
 La  baleine  paroît  donc  privée  de  presque  tous  les  
 mojens de'garantir l’intérieur de son oeil des impressions  
 douloureuses delà lumière très-vive que répandent autour  
 d’efle,  pendant les longs jours  de  l’été,  la  surface  
 des mers  qu’elle fréquente, ou,les  montagues  de glace  
 dont elle est  entourée.  Mais  avant  la  fin de cet article,  
 nous  remarquerons  combien  les  effets  de  la  conformation  
 particulière de  cet organe peuvent suppléer  au  
 nombre et à la mobilité des paupières. 
 L’oeil de la baleine, considéré dans son ensemble, est  
 assez  aplati  par-devant  pour  que  son  axe  longitudinal  
 ne  soit  quelquefois à  son  axe  transverse,  que dans