franche est, pour ainsi dire, un grand exemplaire de
l’être organisé, vivant et sensible, dont aucun caractère
ne peut échapper à l’examen.
C’est ainsi, par exemple, qu’on voit dans la baleine,
encore mieux que dans le rhinocéros ou dans d’autres
énormes quadrupèdes, la manière dont la sclérotique
se réunit souvent à la cornée. Au lieu d’être simplement
attachée à cette cornée par une cellulosité, elle pénètre
fréquemment dans sa substance; et l’on apperçoit facilement
les fibres blanches de la sclérotique de la baleine,
qui entrent dans l’épaisseur de sa cornée, en fila-
mens très-déliés, mais assez longs.
C’est encore ainsi que, dans la choroïde ou seconde
enveloppe de l’oeil de la baleine, on peut distinguer
sans aucune loupe les ouvertures des vaisseaux , de
même que la membrane intérieure que l’on commît
sous le nom de Ruyschienne ; et qu’on compte, pour
ainsi dire, les fibres rayonnantes qui, semblables à des
cercles, entourent le cristallin sphérique.
Continuons cependant.
Lorsque la prunelle de la baleine franche est rétrécie
par la dilatation de l’iris, elle devient une ouverture
alongée transversalement.
L’ensemble de l’oeil est d’ailleurs mu dans ce cétacée
par quatre muscles droits; par un autre muscle droit,
nommé suspenseur, et divisé en quatre; et par deux
muscles obliques, l’un supérieur et l’autre inférieur.
Remarquons encore que la baleine, comme la plu,-
part des animaux qui vivent dans l’eau, n’a pas de points
lacrymaux, ni de glandes destinées à répandre sur le
devant de l’oeil une liqueur propre à-le tenir dans l’état
de propreté et de souplesse nécessaire; mais que Ion
trouve sous la paupière supérieure des sortes de lacunes
d’où s’écoule une humeur épaisse et mucilagineuse. *
Passons maintenant à l’examen de l’organe de l’ouïe.
La baleine a dans cet organe, comme tous les céta-
cées, un labyrinthe, trois canaux membraneux et demi-
circulaires, un limaçon, un orifice cochléaire, un vestibule,
un orifice vestibulaire ', une cavité appelée caisse
du tympan, une membrane du tympan, des osselets
articulés et placés dans cette caisse depuis cette membrane
du tympan jusqu a l’orifice vestibulaire , une
trompe nommée trompe dEustache , et un canal qui,
de la membrane du tympan, aboutit et s’ouvre à
l’extérieur.
Le limaçon de la baleine est même fort grand; toutes
ses parties sont bien développées. L’orifice ou la fenêtre
cochléaire qui fait communiquer ce limaçon avec la
> Nous préférons les épithètes de cochléaire et de vesi Huit lire, proposées
par notre collègue Cuvier, à celles de ronde et Xovale,, qui ne peuvent
être employées avec exactitude qu’en parlant de l’organe de l’ouïe de
l’homme et d’un petit nombre d’animaux.
■ Le tube dont nous parlons, et tous les tubes analogues que peut présenter
l’organe de l’ouïe de l’homme ou des animaux, ont été appelés
trompe d*Eustache, parce que celui de l’oreille de l’homme a été découvert
par Eustache, habile anatomiste du seizième siècle.