dans un autre individu de la même espèce, qui s’étoit
jeté sur le rivage en poursuivant des poissons avec trop
d’acharnement.
Ces dupées, ces scombres et ces gades trouvent quelquefois
leur vengeur dans le squale scie.
Ennemi audacieux de la baleine franche, il attaque
avec encore plus de hardiesse le nordcaper, qui, malgré
la prestesse de ses mouvemens et l’agilité avec laquelle
il remue ses armes , lui oppose souvent moins de force,
parce qu’il lui présente moins de masse. Martens raconte
qu’il fut témoin d’un combat sanglant entre un
nordcaper et un squale scie. 11.n’osa pas faire approcher
son bâtiment du lieu où ces deux terribles rivaux
cherchoient à se donner la mort; mais il les vit pendant
long-temps se poursuivre, se précipiter l’un sur
l’autre, et se porter des coups si violens, que l’eau de
la mer jaillissoit très-haut autour d’eux, et retomboit
en brouillard.
Mais le nordcaper n’est pas seulement vif et agile ; il
est encore farouche : aussi est-il très-difficile de l’atteindre.
Néanmoins, lorsque la pêche de la baleine
franche n’a pas réussi, on cherche à s’en dédommager
par celle du nordcaper. On est souvent obligé d’em-
plojer pour le prendre un plus grand nombre de chaloupes,
et des matelots ou harponneurs plus vifs et
plus alertes, que pour la pêche de la grande baleine, afin
de lui couper plus aisément la retraite. La femelle, dans
cette espèce, est atteinte plus facilement que le mâle
lorsqu’elle a un petit : elle l’aime trop pour vouloir
l’abandonner.
Cependant, lorsqu’on est parvenu auprès du nordcaper
, il faut redoubler de précautions. Il se tourne et
retourne avec une force extrême, bondit,.élève sa nageoire
caudale, devient furieux par le danger, attaque
la chaloupe la plus avancée, et d’un seul coup de queue
la fait voler en éclats; ou, cédant à des efforts supérieurs,
contraint de fuir, emportant le harpon qui l’a
blessé, entraîne jusqu’à mille brasses de corde, et, malgré
ce poids aussi embarrassant que lourd, nage avec
une telle rapidité, que les matelots, qu’il remorque,
pour ainsi dire,peuventàpeine se soutenir, et se sentent
suffoquer.
Les habitans de la Norvège ont moins de dangers à
courir pour se saisir du nordcaper, lorsque cette baleine
s’engage dans des anses qui aboutissent à un
grand lac de leurs rivages : ils ferment la sortie du lac
avec des filets composés de cordes d’écorce d’àrbre, et
donnent ensuite la mort au cétacée, sans etre forces de
combattre.
Duhamel a écrit qu’on lui avoit assuré que la graisse
ou le lard du nordcaper n’avoit pas les qualités malfaisantes
qu’on a attribuées à la graisse de la baleine
franche.
Au reste, Klein a distingué dans cette espèce deux
variétés : l’une, qu’il a nommée nordcaper austral, et
dont le dos est très-aplati; et l’autre, dont le dos est