pointues, si propres à la défense et à l’attaque. Tous
deux ont une grande masse, un grand volume, des
muscles vigoureux, une peau épaisse. Mais les résultats
de leur conformation sont bien difFérens : l’un, très-
doux par caractère, n’use de ses armes que pour se
défendre, ne repousse que ceux qui le provoquent,
ne perce que ceux qui l’attaquent, n’écrase que ceux
qui lui résistent, ne poursuit et n’immole que ceux
qui l’irritent; l’autre, impatient, pour ainsi dire, de
toute supériorité, se précipite sur tout ce qui lui fait
ombrage, se jette en furieux contre l’obstacle le plus
insensible, affronte la puissance, brave le danger,
recherche le carnage, attaque sans provocation, combat
sans rivalité, et tue sans besoin.
Et ce qui est très-remarquable, c’est que l’éléphant
vit au milieu d’une atmosphère perpétuellement embrasée
par les rayons ardens du soleil des tropiques,
et que le narwal habite au milieu des glaces de l’Océan
polaire, dans cet empire éternel du froid, que la moitié
de l’année voit envahi par les ténèbres.
Mais l’éléphant ne peut se nourrir que de végétaux;
le narwal a besoin d’une proie ; et dès-lors tout est
expliqué,
On n’a compté jusqu a présent qu’une ou deux espèces
de ces narwals munis de défenses comparables
à celles de l’éléphant ; mais nous croyons devoir en
distinguer trois. Deux sur-tout sont séparées l’une de
l’autre par de grandes diversités dans les formes,
dans les dimensions, dans les habitudes. Nous exposerons
successivement les caractères de ces trois
espèces, dont les traits distinctifs sont présentés dans
notre tableau général des cétacées. Occupons-nous
d’abord du narwal, auquel se rapportent le plus grand
nombre d’observations déjà publiées , auquel nous
pourrions donner le nom particulier de macrocéphale *,
pour désigner la grandeur relative de sa tête , l’un
des rapports les plus frappans de sa conformation avec
celle des baleines, et notamment de la baleine franche,
mais auquel nous préférons de conserver l’épithète
spécifique de -vulgaire.
De la mâchoire supérieure de ce narwal sort une
dent très-longue , étroite , conique dans sa forme
générale, et terminée en pointe : cette dent, séparée
de la mâchoire, a été conservée pendant long-temps,
dans les collections des curieux, sous le nom de corne
ou de défense de licorne. On la regardoit comme le
reste de l’arme placée au milieu du front de cet
animal fabuleux, symbole d’une puissance irrésistible,
auquel on a voulu que le cheval et le cerf ressemblassent
beaucoup, dont les anciens ne se sont pas
contentés de nous transmettre la chimérique histoire,
dont on retrouve l’image sur plusieurs des monumens
qu’ils nous ont laissés, et dont la figure, adoptée par
la chevalerie du moyen âge, a décoré si souvent les
Microcéphale signifie grande tête*