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 gréable  et même  nuisible  et  insupportable  à  d’autres.  
 Cette odeur se perfectionne, et, pour ainsi dire, se purifie, 
   à  mesure  que  l’ambre  gris  vieillit,  se  dessèche  
 et se durcit;  elle  devient  plus  pénétrante et cependant  
 plus suave, lorsqu’on frotte et lorsqu’on chauffe le morceau  
 qui  la  répand;  elle  s’exalte  par  le  mélange  de  
 l’ambre avec  d’autres aromates ;  elle s’altère et  se  vicie  
 par  la  réunion de  cette  même  substance  avec  d’autres  
 corps;  et  c’est  ainsi  qu’on  pourrait  expliquer  l’odeur  
 d’alcali  volatil  que  répandait  l’ambre  gris  trouvé  sur  
 les  bords du golfe  de Gascogne  par M. Donadei,  et qui  
 se  dissipa  quelque  temps après  que  ce  physicien  l’eut  
 ramassé. 
 L’ambre  gris  est  si  léger,  qu’il  flotte  non  seulement  
 sur la mer,  mais encore  sur  Peau-douce. 
 Il  se présente  en boules  irrégulières  : les unes  montrent  
 dans  leur  cassure  un  tissu  grenu;  d’autres  sont  
 formées  de  couches  presque  concentriques  de  différentes  
 épaisseurs,  et  qui  se  brisent  en écailles. 
 Le grand diamètre de ces boules varie ordinairement  
 depuis  un douzième  jusqu a  un  tiers de mètre;  et  leur  
 poids,  depuis un  jusqu’à  quinze  kilogrammes. Mais on  
 a  vu  des  morceaux d’ambre  d’une  grosseur  bien  supérieure. 
   La  compagnie  des  Indes de  France  exposa  à la  
 vente de l’Orient,  en  1755, une boule d’ambre  qui  pe-  
 soit soixante-deux  kilogrammes. Un pêcheur américain  
 d’Antigoa a  trouvé dans  le ventre d’un  cétacée,  à seize  
 myriamètres au  sud-est des  îles  du  vent,  un  morceau 
 d'ambre  pesant  soixante-cinq  kilogrammes,  et  qu’il  a  
 vendu 5 oo livres sterling. La compagnie des Indes orientales  
 de Hollande a  donné  onze mille  rixdalers à  un  rai  
 de  Tidor pour  une  masse  d’ambre  gris,  du  poids  de  
 quatre-vingt-onze  kilogrammes.  Nous  devons dire cependant  
 que rien ne prouve que  ces masses  n aient pas  
 été  produites  artificiellement par  la fusion,  la  réunion  
 et  le  refroidissement  gradué  de  plusieurs  boules  ou  
 morceaux  naturels.  Mais  quoi  qu’il  en  soit,  l’état  de  
 mollesse  et de  liquidité  que  plusieurs  causes  peuvent  
 donner à l’ambre gris, et qui doit être son état primitif,  
 explique  comment  ce  corps  odorant  peut  se  trouver  
 mêlé  avec  plusieurs  substances  très-différentes  de  cet  
 aromate,  telles que  des fragmens de végétaux,  des débris  
 de  coquilles,  des  arêtes  ou  d’autres  parties  de  
 poisson. 
 Mais,  indépendamment  de  cette  introduction  accidentelle  
 et  extraordinaire  de  corps  étrangers  dans  
 l’ambre  gris,  cette  substance  renferme  presque  toujours  
 des  becs  ou  plutôt des  mâchoires  du mollusque  
 auquel  Linné  a  donné  le  nom  de  sepia  octopodia,  et  
 que  mon  savant  collègue  le  citoyen  Lamarck  a  placé  
 dans un  genre  auquel  il  a  donné  le  nom  d'octopode.  
 Ce  sont  ces  mâchoires,  ou  leurs  fragmens,  qui  produisent  
 ces  taches  jaunâtres,  noirâtres ou blanchâtres,  
 si nombreuses  sur  l’ambre gris. 
 On  a  publié  différentes  opinions  sur  la  production  
 de  cet  aromate.  Plusieurs  naturalistes  l’ont  regardé