qu’il rejette par ses évents, et qui, retombant de plus
haut, est entendue de plus loin.
Ces mouvemens plus fréquens, plus prompts et plus
animés, paroissent influer sur ses affections habituelles,
en rendant ses sensations plus variées, plus nombreuses
et plus vives. Il semble que, dans cette espèce, la femelle
chérit davantage son petit, le soigne plus attentivement,
le soutient plus constamment avec ses bras,
le protège, pour ainsi dire, et contre ses ennemis et
contre les flots avec plus de sollicitude, le défend avec
plus de courage.
Ces différences dans la forme, dans les attributs, dans
la nourriture, montrent pourquoi le gibbar ne paroît
pas toujours dans les mêmes parages, aux mêmes époques
que la baleine franche.
Elles peuvent aussi faire soupçonner pourquoi ce cé-
tacée a un lard moins épais, une graisse moins abondante.
C’est cette petite quantité de substance huileuse qui
fait que les pêcheurs ne cherchent pas beaucoup à
prendre le gibbar. Sa très-grande vitesse le rend d’ailleurs
très-difficile à atteindre. Il est même plus dangereux
de l’attaquer, que de combattre la baleine franche:
il s’irrite davantage ; les coups qu’il donne alors avec ses
nageoires et sa queue, sont terribles. Avant que les Basques,
redoutant la masse du plus grand des cétacées,
osassent affronter la baleine frauche, iis s’attacboient à
la pêche du gibbar : mais l’expérience leur apprit qu’il
étoit et plus difficile de poursuivre et plus hasardeux
de harponner ce cétacée que la première des baleines.
Martens rapporte que des matelots d’une chaloupe pêcheuse
ayant lancé leur harpon sur un gibbar, l’animal,
fuyant avec une vélocité extrême, les surprit, les troubla,
les effraya au point de les empêcher de songer à
couper la corde fatale qui attachoit la nacelle au harpon,
et les entraîna sous un vaste banc de glaçons entassés
, où ils perdirent la vie.
Cependant on assure que la chair du gibbar a le
goût de celle de l’acipensère esturgeon; et dans quelques
contrées, comme dans le Groenland, on fait servir
à plusieurs usages domestiques les nageoires, la peau,
les tendons et les os de ce cétacée.