noxial, auprès des côtes de la Chine, près des rivages
de l’Amérique méridionale, dans les mers qui baignent
l’Afrique, dans toutes les grandes méditerranées, dans
celle particulièrement qui arrose et l’Afrique et l’Asie
et l’Eùrope.
Il est des saisons où ils paroissent préférer la pleine
mer au voisinage des côtes. On a remarqué * qu’ordinairement
ils voguoient contre le vent ; et cette habitude,
si elle étoit bien constatée, ne proviendroit-elle pas du
besoin et du désir qu’ont ces animaux d’être avertis
plu& facilement, par les émanations odorantes que le
vent apporte à l’organe de leur odorat, de la présence
des objets qu’ils redoutent ou qu’ils recherchent?
On a dit qu’ils bondissoient sur la surface de la mer
avec plus de force, de fréquence et d’agilité, lorsque
la tempête menaçoit, et même lorsque le vent devoit
succéder au calme Plus on fera de progrès daus la physique,
et plus on s’appercevra que l’électricité de l’air
est une des plus grandes causes de tous les changemens
que l’atmosphère éprouve. Or tout ce que nous avons
déjà dit de l’organisation et des habitudes des dauphins,
doit nous faire présumer qu'ils doivent être très-sensibles
aux variations de l’électricité atmosphérique.
Nous voyons dans Oppien et dans Elien, que les
1 Dom Pernetty, Histoire d’un voyage aux îles Malouines J tome I ,
pages 97 et suiv.
* Voyez le Voyage à l’ile de France, de mon célèbre confrère le citoyen
de Saint-Pierre.
anciens habitans de Byzance et de la Thrace poursui-
voient les dauphins avec des tridents attachés à de
longues cordes, comme les harpons dont on est armé
maintenant pour la pêche des baleines franches et de
ces mêmes dauphins. Il est des parages où ces derniers
cétacées sont assez nombreux pour qu’une grande
quantité d’huile soit le produit des recherches dirigées
contre ces animaux. On a écrit qu’il falloit compter
parmi ces parages, les environs des rivages de la Co-
chinchine.
Les dauphins n’ayant pas besoin d’eau pour respirer,
et ne pouvant même respirer que dans l’air, il
n’est pas surprenant qu’on puisse les conserver très-
long-tempshors de l’eau, sans leur faire perdre la viet
Ces -cétacées ayant pu être facilement observés, et
ayant toujours excité la curiosité du vulgaire, l’intérêt
des marins, l’attention de l’observateur , on a
remarqué facilement toutes leurs propriétés , tous
leurs attributs, tous leurs traits distinctifs; et voilà
pourquoi plusieurs naturalistes ont cru devoir compter
dans l’espèce que nous décrivons , des variétés
plus ou moins constantes. On a distingué les dauphins
d’un brun livide*; ceux qui ont le dos noirâtre, avec
les côtés et le ventre d’un gris de perle moucheté de
noir; ceux dont la couleur est d’un gris plus ou moins
* Notes manuscrites de Commerson, remises à Buffon, qui dans la-
temps a bien voulu me les communiqjier.