s’élancent au-dessus de la surface des mers ; et cependant
sa pesanteur spécifique est peu diminuée par sa
graisse. Son lard est très-compacte, et fournit peu de
substance huileuse.
Les plis qui annoncent la présence de cette utile
vessie natatoire, sont rouges, ainsi qu’une portion de
la lèvre supérieure, et quelques taches nuageuses,
mêlées comme autant de nuances très-agréables au
blanc de la partie inférieure du cétacée. La partie
supérieure est d’un noir foncé. Les pectorales sont
blanches vers le milieu de leur longueur, et noires
à leur base, ainsi qu’à leur extrémité.
Les Groenlandois, pour lesquels la chair de ce cétacée
peut être un mets délicat, lui donnent souvent la
chasse : mais sa vitesse les empêche le plus souvent de
l ’approcher assez pour pouvoir le harponner; ils l’attaquent
et parviennent à le tuer en lui lançant des
dards.
On le rencontre non seulement auprès des côtes du
Groenland et de l’Islande, mais encore auprès de celles
de Norvège ; on l’a vu aussi dans des mers beaucoup
moins éloignées du tropique. Il entre dans le golfe
britannique. Il pénètre dans le canal de .France et
d’Angleterre. Un jeune individu de cette espèce échoua,
en avril 1791, aux environs de la rade de Cherbourg*;
et mon célèbre confrère le citoyen Rochon, de l’InsNote
manuscrite du citoyen Geoffroy de Valogne.
titut national, m’annonce qu’on vient de prendre à
Brest un individu de la même espèce.
Au milieu de plusieurs des mers qu’elle fréquente,
la baleinoptère museau-pointu a un ennemi redoutable
dans le physétère microps qui s’élance sur elle
et la déchire. Mais elle peut l’appercevoir de plus
loin, et l’éviter avec plus de facilité que plusieurs
autres cétacées; elle a la vue très-perçante. L’oeil oval,
et situé à peu de distance de l’angle de réunion des
deux mâchoires, avoit près d’un décimètre de longueur,
dans l’individu de cinq mètres ou environ observé et
décrit par le citoyen Geoffroy de Valogne.
MM. 0 1afsen#>et Povelseri assurent que l’huile des
baleinoptères museau-pointu que l’on prend dans la
mer d’Islande, est très-fine, s’insinue facilement au
travers des pores de plusieurs vaisseaux de bois ou
même d’autre matière plus compacte, et produit des
effets très-salutaires dans les enflures, les tumeurs et
les inflammations *. *I,
* Voyage en Islande , traduit par M. Gauthier de la Peyronie; tome
III, page 234.