celui qui produit ces mêmes cristaux grisâtres, et
qui se trouve aussi èn masses irrégulières. Mais
il ne sera pas inutile d’entrer, à çe sujet, dans quelques
détails.
On a pris pour de l’étain blanc, tantôt des morceaux
de baryte sulfatée, tantôt des cristaux de
topaze d’un blanc mat ( i ) , et tantôt des cristaux
de la substance métallique , nommée vulgairement
tungstène ( schéelin calcaire de notre méthode ) ,
qui affectent, comme l’on sait, la forme de l’octaèdre
régulier. Mais oh a prétendu de plus, qu’il
existoit de véritable étain blanc sous cette dernière
forme ; Rome de Lisle le dit d’une manière
positive dans son article sur l’étain (2) , et il y revient
dans sa table des matières (3) , à l’occasion
d’une note ajoutée à la traduction du mémoire
de Schéele , sur la tungstène (4), dans laquelle
le traducteur, après avoir remarqué que les cristaux
d’étain blanc, ou le zinn-spath des Allemands,
n’étoient autre chose que la tungstène elle-même,
prétend que c’étoit cette substance que l’on avoit
annoncée comme rendant à l’analyse 64 livres
d’étain par quintal. Romé de Lisle répond que
les cristaux soumis à l’analyse étoient de vrais
(1) Voyez l’article T o p a z e , t. I I , p. 511.
(2) Cristal., t. I I I , p. 414.
( 3 ) Ibid. , t. I I I , p. 559.
(4) Journ. de phys. , 1783 , p. 124, note 2<
octaèdres d’étain blanc (1) , et garantit le fait,
comme en ayant ete lui-meme témoin.
D’après cette assertion, on seroit bien tenté de
croire qu’il existe en effet de l’etain blanc en octaèdres
réguliers ; car c’est cette forme qui fait toute
la difficulté. Ce n’est pas qu’elle ne soit absolu^
ment possible en vertu des lois de la cristallisa- ,
tion ; mais jusqu’ici elle n’a point été observee dans
l’espèce de l’étain, et les faces triangulaires qui,
sur certains cristaux, tendent a produire un octaèdre,
abstraction faite du prisme intermédiaire,
ont leur angle supérieur de 70d 3 i r 44^ 5 tandis
que cet angle n’est que de 6od dans 1 octaedre régulier.
Pour concilier ici Romé de Lisle avec lui-meme,
il faut observer d’abord que ce célèbre naturaliste,
à l’endroit où il parle de la tungstène (2), sous
le nom de wolfram de couleur blanche, jaunâtre
ou rougeâtre, n’en cite aucune forme cristalline,
et dit que cette substance se trouve en masses solides
, lamelleuses ou grenues : il remarque , au
même endroit, qu’on a long-temps confondu la
tungstène avec la vraie mine d’étain blanche ; et
il pourroit avoir raison, s’il n’entendoit par mine
d’étain blanche, que l’étain oxydé, d’une c q u -
( 1 ) Il ne dit pas ici que ces octaèdres fussent réguliers ,
mais il le suppose tacitement.
(2) Cristal. , t. I I I , p. 264.