pensoient, avec Desmarest, que la forme prisma-
tique des basaltes étoit toujours l’effet d’un retrait
occasionné par le refroidissement spontanée de la
matière volcanique. Mais Dolomieu présume que
les basaltesau moins ceux d’un grand volume,
doivent plutôt leur forme à un refroidissement
produit par le contact de l’eau (i) ; et Buffon,
qui est du même sentiment, a essayé de décrire,
en détail, les circonstances du phénomène, telles
quil les voyoit par l’imagination. Suivant ce célèbre
naturaliste , la lave arrêtée et consolidée par
l’eau, en arrivant sur le rivage, est dévenue un
mur, de la hauteur duquel le courant qui s’éle-
voit au - dessus est tombé perpendiculairement
dans la mer. Le courant, à l’instant de sa chute,
s’est divisé en colonnes qui, se Comprimant mutuellement
, ont pris des formes polygones, Enfin
, la superposition des prismes étoit due à des
interruptions qu’avoit éprouvées la lave pendant
sa chute , de manière que la base supérieure
de chaque tronçon s’affaissoit en creux par le
poids de celui qui venoit après lui, et qui se mou-
loit en convexe dans la concavité de l’autre (2),
A l’égard des petits basaltes prismatiques, Dolomieu
en a observé une infinité, dans les Iles
(1) Mém. sur les Iles Ponces , p. 100.
(2) Hist. nat. des minéraux, édit. in-12 , supplémens *
t. X , p. 1 4 4 et sniv\
Ponces, dont il attribue la formation au retrait
provenu du refroidissement de la matière, qui
ayant coulé dans des fentes, s’y étoit dépouillée
de son calorique aussi promptement que si elle se
fût précipitée dans la mer (1).
Cette idée , que les basaltes doivent leür origine
au feu, a aujourd’hui contre elle un nombreux
parti, auquel Bergmann semble avoir donné le
signal pour la Combattre, et reproduire l’opinion
d’une origine aqueuse, mais en la présentant sous
une autre forme.
Cet illustre chimiste , après avoir comparé, avec
beaucoup de soin „ un morceau de basalte de l’île
de Staffa, avec un trapp du Mont Hunneberg en
Vestrogotie, et avoir reconnu dans l’un et l’autre
les mêmes caractères, soit 'extérieurs , soit chimiques,
jugea qü’il n’étoit nullement probable que
l’action du feu eût pu fondre une pierre sans la
dénaturer. Il aima mieux supposer que la matière
du basalte, pénétrée et ramollie par des vapeurs
humides, s’étoit convertie en une masse pâteuse
et demi-liquide; que cette masse avoit pris ensuite
, à l’aide du dessèchement, une retraite qui,
ne pouvant se faire également dans, ses diverses
parties, y avoit formé des ruptures, et qu’elle
s’étoit ainsi soudivisée , avec une sorte de régularité
, en colonnes prismatiques (2),
(1) Mém. sur les Iles Ponces, p. 1O1.
(2) Bergmann, de productis vulcaniis.