et cela d’après la réflexion faite par des savans
distingués, que la manière d’être du quartz et du fer,
dans cette substance, ne paroissoit pas se borner
à un simple mélange ; car alors la dureté de l’é-
meril devroit au plus égaler celle du quartz, au
lieu de lui être très-supérieure. Il y a donc plutôt
ic i, disoit-on, une union intime, qui approche
de la combinaison, et en vertu de laquelle les
deux substances contractent une adhérence plus
forte que celle qui naîtroit de la simple interposition
des molécules de l’une entre celles de
l’autre.
On a remarqué, ajoutoit-on , que quand le fer
avoit été long-temps en contact avec le quartz,
et que l’eau l'avoit délayé et converti en rouille,
le quartz étoit comme corrodé par cette rouille ,
qui sembloit agir sur lui par affinité. Ce fait, qui
peut donner une idée de la manière dont le fer
s’unit au quartz pour produire l’émeril, semble
appuyer l’opinion dont il s’agit.
Mais en examinant la chose avec plus d’attention
, j’ai cru devoir appliquer encore ici le principe
dont j’ai déjà fait usage dans plusieurs endroits
de ce 7'raité, savoir : que l’union de deux
substances peut bien avoir lieu, en vertu d’une
certaine affinité entre elles, sans que l’on soit en
droit de regarder le mixte qui en résulte comme
une espèce proprement dite. Il faut pour cela
quelque chose de plus qu’un changement dans la
dureté ou dans quelqu’autre propriété de ces substances
; il làut une nouvelle molécule intégrante^
Or, peut-on assimiler l’union du fer avec des grains
qüartzeux à ces combinaisons que la cristallisation
a marquées d’un caractère vraiment spécifique
, surtout si l’on considère que cette union marche
par une suite de nuances variables à l’infini,
depuis certains grès ferrugineux, qui peuvent être
considérés comme un émeril imparfait, jusqu’aux
masses où l’adhérence entre l’une et l’autre substance
est à son plus haut degré ?
3. L’émeril n’est exploité nulle part comme mine
de fer; mais sa grande dureté le fait rechercher
comme une des substances les plus précieuses pour
les arts. On le broie à l’aide de moulins d’acier,
et on le réduit en une poussière dont les grains
rudes et acérés seroient capables d’attaquer , par le
frottement, tous les corps de la nature , si le diamant
n’existoit pas.
L’émeril qui a été simplement broyé, renferme
des particules de toutes les grosseurs. Or , il étoit
intéressant de pouvoir trier, dans cet assemblage,
des particules de plusieurs degrés de ténuité, assorties
à différens usages. On y parvient à l’aide du
moyen suivant. On met Une certaine quantité d’é-
meril au fond d’un bocal que l’on remplit d’eau
jusqu’aux deux tiers , et l’on agite le mélange. On
laisse 1 eau déposer pendant une demi-heure, et
on la transvase doucement. Dans cet intervalle ,
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