Les défenseurs de l’origine aqueuse des vol-
cans, ou au moins une partie d’entre eux, ne
prétendent de même attribuer à l’action de l’eau
que l’état présent des basaltes ; ils ne nient pas
que ces corps ne puissent avoir subi originairement
celle du feu (i) ; mais ils prétendent que le basalte
n’a pu prendre le tissu et l’aspect sous lequel
il s’oifre à notre observation, sans avoir été
du moins remanié par l’eau.
Ce sentiment est fondé, comme nous l’avons
dit, sur ce que le basalte ressemble parfaitement
à des pierres que l’on regarde généralement comme
des produits de l’eau. On n’y aperçoit aucune trace
de l’action du feu, aucune de ces cavités qui
sont l’effet du boursouflement, dans les corps qui
ont été soumis à cette action. De plus, le basalte
enveloppe assez souvent des cristaux intacts d’amphibole
et autres substances, qui , susceptibles
d’entrer en fusion par le simple feu du chalumeau,
n’auroientpu résister à la chaleur beaucoup
plus active des laves. Enfin, le gisement de certains
basaltes, particulièrement de celui qui recouvre
un immensé amas de houille , dans la Hesse (2),
a fourni de nouvelles armes aux adversaires dé
l’origine volcanique du basalte. Ils nont pu concevoir
comment cette houille seroit demeuree saine
(1) Journ..de phys. , germinal, an 7 ' p. 3 i 4.
(3) Journ. des mines, N ° . 23, p. 7^ et suiv.
et
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et de bonne qualité , après avoir été exposée au
degré de chaleur qu’auroit dû lui communiquer
une coulée de lave épaisse d’environ 227 mètres,
ou 700 pieds.
Les savans qui sont entrés dans cette lice ont
pris , les uns le nom de Vole artistes, et les autres
celui de Neptuniens, suivant qu’ils attribuoient
au feu ou à l’eau l’origine des basaltes.
Dolomieu, qui occupe un rang distingué parmi
les premiers , oppose d’abord aux neptuniens ses
propres observations, faites non - seulement sur
d’anciennes laves en place, mais /sur celles que
l’on a vu couler au moment même d’une éruption
, et dans lesquelles la fluidité ignée a laissé
subsister tous les caractères de la substance pierreuse
sur laquelle le feu a travaillé (1).
Il conclud de ces observations, que la chaleur
qui agissoit sur la matière des basaltes, étoit bien
différente de , celle que'nous produisons par le
feu de nos fourneaux ; qu’elle avoit beaucoup
moins d’intensité; que son effet n’étoit ni une
vitrification complète , ni même une demi-vitrification
, mais une fluidité produite par une simple
dilatation, qui avoit permis seulement aux parties
de la lave de se déranger, en glissant les unes
sur les autres ; en sorte que cette matière, après
le refroidissement, avoit conservé un aspect tout
(1) Jourri. de phys. , fructidor, an a , p. 4°8 et suhTT
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