ceux du Dauphiné, de Framont , de l’île de Corse %
etc., repoussoient un des pôles delà petite aiguille
par le même point qui attiroit le pôle opposé. Je
trouvai très-peu d’exceptions ; et peut-être les corps
qui sont dans ce cas ont-ils perdu leur magnétisme,
depuis qu’ils ont été retirés de la terre : cè qui
peut le faire présumer, c’est la facilité avec laquelle
ils acquièrent des pôles lorsqu’on les met en
contact seulement une ou deux secondes , avec
un barreau d’une force moyenne. Il seroit possible
d’ailleurs que quelques cristaux eussent échappé à
l’action du magnétisme du globe, pour avoir été
situés de manière que leur axe fut perpendiculaire
à la direction du méridien magnétique de leur lieu
natal.
Il me vint en idée qu’il pourroit se faire qu’un
cristal à l’état d’aimant, parût, en conséquence de
cfet état même , n’avoir aucune action sur un autre
aimant. Pour vérifier cette conjecture, je substituai
à l’aiguille le barreau dont on se sert ordinairement,
et je présentai à l’un des pôles de ce
barreau un cristal de l’île d’Elbe, par le pôle de
même nom. Le barreau n’ayant à peu près que
la force nécessaire pour détruire le magnétisme du
pôle qu’on lui présentoit, il n’y eut ni attraction
ni répulsion sensible de ce côté ; tandis que le
même pôle du cristal, présenté à l’autre pôle du
barreau , faisoit mouvoir celui-ci. On voit par-la
qu’en se bornant à une seule observation , on
pourroit en tirer une conclusion très-opposée à la
vérité.
Il restoit à dissiper une, petite incertitude relativement
aux résultats que je viens d’énoncer.
Lorsqu’on présente un morceau de fer non aimanté,
par exemple une clef, dans une position
vertjcaje, ou à peu près , au,pôle austral d’une aiguille
aimantée , ce pôle est toujours repoussé par
le bout inférieur de la clef, tandis que le même
bout attire le- pôle boréal (1) : c’est l’effet du magnétisme
que , l’action du globe terrestre communique
à la clef, et qui est si fugitif, que si Ton
renverse la position de cette clef, à l’instant les
effets contraires auront lieu ; mais on ne pou'voit
pas dire que les cristaux soumis à l’expérience
fussent dans la même circonstance que cette clef,
soit parce que leur action étoit constante, quelle
que fût la position qu’on leur donnoit, soit parce
qu’il s’en trouVoit dont l’extrémité inférieure re-
poussoit le pôle boréal de l’aiguille , et attiroit son
pôle austral, k
Il résulte de ces observations , que tous les .
morceaux de fer enfouis dans la terre , qui n’abondent
pas trop en oxygène , ou du moins la
très-grande partie , sont des aimans naturels , qui
seulement varient par leur degré de force entre
(1) Je suppose ici que l’observation se fasse dans nos
contrées.