
ferva australis ( vaucheria australis ) , de fucus ilicifolius ( sargassum ilicifolium ) ,
de fragmens d’une grande Jaminaria, de zostera, & c . , chargés de coquilles,
de mollusques et de poissons.
Long-temps avant d’arriver en vue des côtes de la Nouvelle-Galles
du S u d , la terre nous avoit été annoncée par la rencontre du singulier
fucus moniliformis, L a b ill., dont les articulations paroissent végéter isolément,
et acquérir meme, en cet état, des dimensions que je n’ai jamais
remarquées dans aucun des échantillons recueillis au Port-Jackson (i).
Enfin, au cap Horn, dans le détroit de le Maire, ainsi que près des
îles Malouines, nous avons, pour ainsi dire, vogué parmi des bancs de
fucus giganteus [macrocystis pyrifera, A g . ) , dont les deux tiers inférieurs
de leur longueur, obéissant à la loi des pesanteurs spécifiques, se trouvoient
dans une position verticale; ce qui a pu faire croire à beaucoup
de navigateurs que ce singulier végétal prenoit naissance à des profondeurs
incommensurables.
Piès des îles Malouines, sur le banc de Patagonie où nous avons
rencontré d’immenses quantités de ces masses flottantes, ia sonde, jetée
pour ainsi dire à chaque instant, par 70 , 80 et 100 brasses, n’a presque
jamais donné qu’un fond de sable et de vase. Je puis affirmer, parce
que j’en ai fait ie sujet d’une étude particulière, que les thalassiophytes, et
sur-tout les grandes espèces, ne croissent que sur des roches ou autres corps
durs et résistans. Si quelques algues ténues, telles que ies caulerpa; si
les polypiers coraliigènes, les éponges sur-tout, paroissent quelquefois
pousser dans les sables , c’est qu’il suffit d’un simple petit fragment de
roche, de madrépore ou même de coquille, pour leur servir de support.
On diroit que les fucus nageans, c’est-à-dire, ceux q u i, détachés des
rivages par les efforts des flots, sont portés à de très-grandes distances
en pleine mer, ont été voués par la nature à cette vie errante. En effet,
les espèces qu’on rencontre loin des terres sont précisément celles qui
offrent dans leur structure des cavités ou vésicules qui paroissent être
destinées d abord à leur donner une position ascendante, et plus ta rd ,
lorsqu’elles sont détachées de leur sol n a ta l, à les soutenir à la surface
(1) J ai trouve de ces corps globuleux qui avoient plus d’un pouce de longueur et un dia-
njétre proportionné.
des flots. A in s i, pour ne citer qne les espèces les plus remarquables qui
se trouvent dans ce c a s , le fucus buccinalis, vulgairement nomme trompette
de mer, a son tronc, de 5 à 10 pieds de longueur, entièrement creux
depuis la base des divisions laminaires jusqu’aux racines; le fucus pyriferus
[ varec géant ), sur la longueur duquel on fait tant de fables, a ies pétioles
de toutes ses divisions renflés en vessie ; et le fucus natans , varec nageant
proprement dit [sargassum vulgare), est muni, comme on le sait, d’une
innombrable quantité de vésicules pyriformes, arrondies, terminées en
haut par une petite pointe.
La ténuité de leurs racines, dont la fonction paroît être de les fixer
aux roches plutôt que de leur transmettre des sucs nutritifs, et l ’état de
fraîcheur où sont toujours ces plantes, n’attestent-ils pas que celles-ci
végètent long-temps après leur extraction , tout aussi b ien , mieux peut-
ê t re , que sur les côtes, o ù , battues et froissées par les vagues, elles
doivent éprouver des entraves continuelles à leur développement.
J’ai recueilli au Gap de Bonne-Espérance un énorme//rar pyriferus,
qui flottoit dans une position perpendiculaire , entraînant avec lui un fragment
de la roche sur laquelle il étoit primitivement fixé. C e cas est rare ;
mais presque toujours, lorsque ces plantes sont détachées des roches,
elles conservent avec elles une partie de leurs racines ou supports ; si l’on
en excepte cependant ie raisin des tropiques (fucus natans) , q u i, malgré
mes nombreuses recherches, ne m’a jamais rien offert de semblable.
C e fucus, dont les masses énormes noircissent souvent de vastes
parties de l’Océan atlantique, paroît faire exception à la règle, même
si l’on adopte les idées de M. le professeur Lamouroux sur la germination
des algues et les conditions nécessaires sous lesquelles elle doit s’exercer.
Cette plante ne peut-elle passe reproduire en pleine mer, par sporules
ou par fragmens végétables, ce qui pour moi seroit la même chose ( i) i
En effet, pourquoi ne pas admettre que les sporules peuvent se développer
dans la plante même, au sein des loges qui les renferment, ou ,
lorsqu’ils en sont chassés, à la surface de ces corps flottans, auxquels ils
( i) Je ne considère les sporules que comme des bourgeons imparfaits, et nullement comme
des graines. Les sporules et les fragmens végétables ne diffèrent d o n c , dans mon o p in io n , que
par le degré plus ou moins avancé de développement.
Voyage de l'U ran ie . — Botanique. 2 O