
CHAP ITRE IX.
Î L E S D E S P A P O U S , R A W A K E T V A I G I O U .
L e s îles des Papous, qui comprennent la Nouvelle-Guinée et les îles
limitrophes, sont situées presque sous la lig n e , entre les îles Schouten,
les îles de l’Amirauté, les archipels de la Louisiade, de la Nouvelle-
Irlande, de la Nouvelle-Bretagne, desNouvelIes-EIébrides, de la Nouvelle-
Calédonie, la côte septentrionale de la Nouvelle-Hollande et les îles
Moluques : elles m’ont paru devoir former le centre géographique d’une
végétation particulière, à laquelle on peut, je crois, donner le nom de
littorale océanienne. C e point du globe, si favorablement situé, réunit sur
ses rivages, i .° les végétaux de toutes les plages de l’Océanie occidentale
; 2.° ceux de l’Océanie méridionale, déjà observés à Pisang, à
Omb al, à D illé , à Coupang, et qui existent également, comme on sait,
sur les côtes Nord de la Nouvelle-Hollande, au cap Y o rk , dans le golfe
de Carpentarie, ainsi que sur tout le littéral de la terre d’Arnheim ;
3.° ceux de l’Océanie septentrionale et occidentale, aux îles Carolines,
aux Mariannes, aux Philippines, aux îles de la Sonde et même jusqu’au
continent de l’Inde (i).
Je ne doute point que ces plantes ne se rencontrent aussi sur les îles
de tous les archipels vo isins, et à de plus grandes distances. En effet,
on sait depuis long-temps que les rivages de l’Inde, du Japon, & c , , en
sont richement peuplés ; nous en avons remarqué à l’Ile-de-France et à
l’île Bourbon ; M. Aubert du Petit-Thouars en signale un certain nombre
(i) Je suis loin de partager ie sentiment des naturalistes qui veulent faire voyager contre
les vents et les courans, toute la végétation du continent de f in d e vers les iles de l’Océanie
occidentale, et même jusqu’à celles de l’Océanie orientale.
Je crois et j’essaierai de démontrer dans le résumé de géographie botanique que je me
propose de donner à la fin de cet ouvrage, sur les plantes observées dans le cours du v oya ge ,
q u e , même d’après les hypothèses établies, les richesses végétales de l’Océanie occidentale
lui appartiennent en propre.
qu’il a observées à Madagascar, telles que le hruguiera gymnorhiia, ie
barringtonia speciosa, Xhernandia sonora, le rhiiophora mangle : mais de ce
côté, elles paroissent ne pas dépasser ces limites. Dans ie N o rd -E s t ,
dans l’Est et le Sud-Est du Grand-Océan austral, indépendamment des
îles Sandwich, où il s’en montre encore quelques-unes, T a ît i, Tonga -
T ab ou , & c . , au rapport des navigateurs, en nourrissent également sur
leur sol.
On a bien fait connoître les points du globe sur lesquels ces plantes
ont été rencontrées, mais on a négligé d’appeler l’attention sur ceux où
finit la propagation de leurs espèces. C e renseignement ne seroit-il pas
aussi instructif, aussi capable d’intéresser!
Réduit à de simples conjectures sur ces faits, je n’hésiterai pourtant
pas à dire que la plus grande partie de cette végétation insulaire doit
s’arrêter, dans ie S u d , sur les plages de la partie septentrionale de la
Nouvelle-Hollande; dans l’Oues t, sur celles qui sont les plus orientales
de l’A sie en remontant jusques aux confins de l’A frique, aux îles de France
et de Bourbon, et même à Madagascar; et dans l’Est, sur la côte Nord-
Ouest de l’Amérique méridionale, en admettant toutefois qu’elle aille
à cette distance.
Une seconde division semble assimiler la végétation de la Nouvelle-
Hollande à celle du Cap de Bonne - Espérance, des îles de Tristan
d’A cunha, des terres Magellaniques, d’une partie du C h i l i, e t, corfime
nous l’avons déjà d it, des sommets très - élevés de quelques montagnes
océaniennes intertropicales.
Mais je ne jrousserai pas plus loin ces coupures générales de classification
géographique : là s’arrêtent les foibles observations que j ’ai été.
à portée de faire , et je ne pourrois donner plus d’extension au développement
de cette théorie, qu’en suivant aussi les erremens des autres
navigateurs, ce que je me suis sévèrement interdit dans cette relation ,
assez surchargée d’ailleurs de nos propres remarques.
C ’est à d’autres naturalistes , aux savans qui s’occupent de la partie
philosophique de cette science ; à ceux qui déjà ont placé de nombreux
jalons sur le g lo b e , et posé les bases solides sur lesquelles doit s’élever
un jour la géographie des plantes et des êtres organisés en générai, que