
Les hommes ne sont pas aussi passionnés pour ce genre d’ornement,
et ils se montrent moins versatiles dans leurs choix. Ceux q u i , à
O w h yh i, à M ow i, ainsi qu’à Wahou, me guidèrent dans les montagnes,
ne manquèrent jamais de m’offi-ir une couronne faite des rameaux encore
tendres et très-déliés de Xalyxia olivaformis, après toutefois m’en
avoir fait sentir le parfum en prononçant le mot de ...akè; mot q u i,
s il nest pas ie nom de la plante, doit signifier bonne odeur, odeur
suave.
A tous ces ornemens fournis par le règne végétal, je dois ajouter celui
que les hommes retirent des feuilles de bananier encore fraîches, mais
pourtant un peu jaunies par l’action du soleil.
Ils détachent la moitié longitudinale d’une feuille , en ayant soin
d’y laisser une légère partie de la côte principale, et fendent le limbe
par lanières de trois à six lignes de largeur.
Cette feuille ainsi disposée sert à former des couronnes, des ceintures,
des jarretières et des colliers : souvent aussi, après qu’ils lui ont fait faire
le tour du cou , ils la croisent sur la poitrine, la font passer sous les
bras, et en nouent les bouts derrière le d o s , ce qui forme une parure
remarquable par sa grâce et son originalité.
C e quau premier abord j ’avois pris pour un objet de pure coquetterie,
avoit, ainsi que je l’appris plus tard, un double but d’utilité. En
effet, un homme fort intelligent de l’île Mowi me fit remarquer que
ces lanières, agitées par les mouvemens de celui qui les porte ou par
le vent, remplissent à-la-fois l’office d’un émouchoir et d’un éventail.
Ces lanières, disposées enrayons autour de la tête et des autres parties
du corps, ont elles-mêmes besoin de l’agitation de l’homme ou de celle
de l’air, pour produire un sentiment de fraîcheur indépendant de leur
siibstance ?
Nous n avons séjourné que vingt jours dans l’archipel des Sandwich,
et je n’ai pu en passer que sept à terre.
Aussi -ai-je été forcé de négliger, dans l’intérêt de la botanique, une
fouie d autres observations que je m’étois imposées. L ’examen des eaux
est de ce nombre; et cependant, ce que j’en ai dit suffira, je pense, poiir
B O T A N IQ U E . 107
prouver, i.° quelles sont abondantes, vives et fraîches sur les hautes
montagnes d’O w h y h i, tandis que près du rivage eiies sont rares, impures
et croupissantes ; 2.° qu’elles sont de plus en plus abondantes , quand on
s’avance vers l’Ouest à Mowi, à Wahou, et jusqu’à Atouaï. Je pense
que ies causes en sont suffisamment démontrées.