
Je pense que cet appareil vasculaire, ou les divers systèmes symétriques
q iû l paroît former dans Imtérienr des fougères, sont propres à
indiquer le nombre de feuilles quelles produisent chaque année, et
1 ordre particulier qui préside au développement de ces feuilles, &c.
Dans ce cas, ne pourroit-on pas en déduire de bons caractères indicatifs
de sections, de genres on même d’espèces ( i) !
Le diamètre ordinaire de ces tiges ne dépasse guère 5 à 6 pouces ;
elles sont quelquefois si droites et si hautes, que, privé des instrumens
nécessaires pour ies abattre, il m’a fallu souvent renoncer à recueillir
des échantillons de leurs feuilles.
O R D R E 2.
C e t ordre comprend tontes les fougères, même les plus herbacées, qui
ont les feuilles [frondes) et les racines fasciculées, telles que les hlechnum,
les lomaría, et qui, comme nous allons ie démontrer, sont, pour la
plupart, susceptibles de devenir arborescentes, ou en vieillissant, ou
par suite d’influences favorables qui dépendent des expositions, des climats,
&c.
Dans ces espèces, ia base des pétioles [stipes), sans être précisément
de la même nature que dans les fougères de la première classe, a cependant
quelques caractères analogues, puisqu’elle est persistant^, dure
ou charnue, souvent noire, très-distincte enfin du reste des pétioles,
avec lesquels elle forme une espèce d’articulation.
Les fougères de cette section comptent un grand nombre de tiges
arborescentes. Ces tiges se composent d’un axe compacte et des restes
de la defeuillaison, c’e s t - à -d i r e , de la base persistante renflée et
charnue des pétioles [stipes). Ces fragmens de pétioles sont libres, et
varient de grosseurs et de longueurs selon les espèces ( 1-3 à 4 pouces ).
Leurs dimensions ordinaires, pour des tiges qui n’auroient pas moins
de 8 à 10 pieds d élévation sur 18 à 24 pouces de circonférence, ne
( i) Ces vaisseaux fascicules, ordinairement noirs, observés dans la coupe horizontale des
iougeres, sont en nombre égal à celui des feuilles et alternes avec les impressions nue ces
dermeres laissent sur les tiges; ce qui sembleroit démontrer que si les feuilles proviennent
e eurs prolongemens, chacune d’ elles procède de deux de ces faisceaux. Dans ce cas il
faudroit admettre aussi que ces faisceaux se prolongent sans déviation, de la base au sommet
des tiges : ce que je n ai point eu l’idée de vérifier sur les lieux.
dépassent pas i 5 à i 8 lignes, ou deux pouces au plus de longueur ( i ) ,
ce qui laisseroit à l’axe, ou tige proprement dite, un diamètre réel de
3 à 4 pouces.
Ces végétaux, à tiges pour ainsi dire factices, ne sauroient donc être
très-droits ni s’élever bien haut-, puisque le moindre effort pourroit les
renverser; ils ne doivent croître qu’au sein des forêts, à l’abri des grands
arbres, o ù , souvent encore, ils ne s’éleveroient que difficilement, si la
nature ne leur avoit donné pour supports ces bases pétiolaires des feuiiies
anciennes, supports disposés presque horizontalement (2), ii est vrai ,
mais toutefois de manière à former, avec l’axe de la tig e , des angles
de différens degrés, q u i, d’aigus qu’ils étoient d’abord, se rapprochent
de plus en pius de l’angle droit.
Ces corps, qui restent fixés à l’axe, se serrent progressivement les
uns contre les autres , et finissent par composer une sorte d’écorce imbriquée
(3) qui protège les tiges nouvelles, et leur donne, dans un âge plus
avancé, ia force de supporterles énormes touffes de feuilles [frondes) dont
elles se montrent constamment couronnées.
Ces parties, dans iesquelies la vie paroît se perpétuer long-temps encore
après ia chute des feuilles, sont généralement recouvertes d’écailles qui
persistent aussi plus ou moins seion les espèces. C e sont ces écailles qui,
dans le pinonia splendens, sont longues, iaineuses, brillantes, et donnent
an tronc de cette admirable fougère l’aspect d’une colonne d’or.
Les fougères rangées dans cette classe sont très-nombreuses. A leur
tête doivent être placés le hieehnum fontanesianum , le pinonia splendens,
ï asplénium poiretianum, et presque toutes les fougères des îles Sandwich à
feuiiies fasciculées. Le pius grand nombre, en effet, ont des tiges arborescentes
ou au moins des souches caulescentes. Nul doute que le lomaria
(1) C e tte longueur des fragmens pétiolaires est aussi relative à l’âge de l’in div idu; il m’a
semblé qu’en général elle étoit en raison inverse du diamètre de l’axe.
(2) Plus les fougères de cette section se rapprochent de l’état herbacé, plus les angles que
les pétioles forment avec la tige sont aigus.
(3) Il existe sous ce rapport une certaine analogie entre les tiges de ces fougères et celles
du xanthorrhoea, qui ont aussi une sorte d’écorce composée de la base v a g in a le , persistante,
des feuilles. Dans ce dernier genre, ces parties sont soudées entre elles par une gomme résine
fort abondante. V o y e z xanthorrhoea à l’article Asphodeleæ ; et D e can d o lle , Organographie w'-
gétale, I , pag. 222 à 2 2 4 , pl. 7 et 8.