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48 V O Y A G E A U T O U R D U M O N D E .
nommés fciïèi ; des apocynées en arbre , d’une grande dimension, à fleurs
blanches, odorantes [plumería)-, des caiyptranthes [c. jamholana) , Xharrisonia
Brownii, pi. 103; ie morinda citrifolia , &c. , auxquels s’attachent
de nombreuses iianes ligneuses , et entre autres le mimosa [ entada )
scandens : les gousses de cette dernière plante n’ont pas moins de trois à
quatre pieds de longueur sur trois à quatre pouces de largeur. On trouve
de plus une fougère très-remarquable qui abonde sur les rameaux de
tous les tamariniers : c’est Xacrostichum alcicorne, ou du moiÿs une espèce
ou variété du genre ( alcicornium ) qu’on ne manquera pas de faire de
ces plantes dès qu’elles seront mieux examinées. T o u t me porte à croire
que cette fougère se rencontre aussi à T im o r ; mais je ne l’y ai pas
observée.
Quelques graines de maïs, du coton brut très-blanc, et une corbeille
pleine de petites amandes [pandanus ! ) émuisives, blanches, de la forme
et de la grosseur d’une pistache, sont les seules productions végétales qui
furent trouvées dans les habitations du village de Bitouka, où , malgré nos
justes craintes , nous eûmes pourtant la hardiesse de pénétrer. C e petit
village, le plus inférieur de la chaîne, est situé à i 5 ou 20 toises environ
au-dessus du rivage.
T ’eau d’Ombai nous a paru fort bonne.
CHAP ITRE X.
I L E P I S A N O .
E n vain j’essaierois d’esquisser le tableau de la magnifique végétation
des Moluques; d’Am b o in e , de Céram, de Bourou et autres îles fort
près desquelles nous avons passé; de Pisang, où il nous fut permis de
toucher un instant 1 Je me bornerai donc à dire que nulle part la nature
ne se montra plus belle. Avec quel ravissement les regards se promènent
sur ces masses de verdure embaumées répandues en grand nombre à la
surface de cette mer paisible ; sur ces arbres immenses qui semblent
même lui disputer l’accès des cotes qu’elle baigne, et pour lesquels ses
flots ne sont qu’une barrière impuissante que franchissent de tous côtés
les bruguiera, les rhiiophora, les oegyceras, les laguncularia, les sonneratia,
les barringtonia, les calophyllum, &c.
Non-seulement ceux-ci ont leurs racines et souvent même une partie
de leur tronc plongés dans l’eau ; mais ils inclinent encore vers elle
leurs rameaux touffus, que les vagues inondent dans les marées hautes.
C e phénomène de végétation se fait remarquer sur-tout à l’égard du
calophyllum inophyllum, du barringtonia speciosa, & c ., qui, même dans cette
position, acquièrent des dimensions étonnantes.
Ces arbres sont tellement serrés , que, sur le point où nous abordâmes,
ce ne Rit qu’avec quelques difficultés qu’on parvint à conduire le canot
jusqu’à terre; circonstance qui me mit à même de faire des collections
avant de descendre sur le rivage.
Aussi ne doit-011 pas être surpris de voir les nombreux courans qui
sillonnent la mer des Moluques, chargés d’une incalculable quantité de
matières végétales.
En effet, parmi des plantes marines des genres sargassum, spharococcus,
scytonema, valonia, solenia, 8cc., auxquelles se mêle le conferva moluccana,
flottent, dans ces courans , des feuilles, des fleurs, des fruits et jusqu’à des
Voyage de l'Uranie. — Botanique. r j