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des arctotis et remarquable par ses graines à deux loges (planche 86),
enfin une foule de plantes communes qui paroissent avoir suivi ies cé-
rt%les et les autres productions de nos climats.
A la suite de ces nombreux détails, il ne sera pas sans intérêt pour la
géographie des plantes, de faire remarquer que nous n’avons abordé le
continent de la Nouvelle-Hollande qu’à ses extrémités orientale et occidentale,
c’est-à-dire, à des distances déplus de 700 lieues, et que, malgré
cela, nous avons rencontré sur l’une et sur l’autre de ces régions opposées,
des plantes appartenant aux mêmes familles, aux mêmes genres, et fort
souveri't aux mêmes espèces.
Nous n’avons examiné les eaux d’aucune des rivières de la N ou ve lle-
Galles du S u d , parce que nous pensions qu’un travail sur ce point a déjà
été fait par des mains plus exercées que les nôtres. Nous nous bornerons
à dire que toutes, excepté celles de Botany-Bay, nous ont paru
fort bonnes.
La Nepean et les rivières qui prennent leur source dans les Montagnes
Bleues et au-delà, sont plus abondantes et plus fraîches ; cependant tout
nous porte à conjecturer que les rivières de ce pays qui proviennent des
terrains granitiques, sont communément moins pures.
En effe t, dans presque tous les lieux où le granit se montre à nu, nous
avons trouvé de petites sources dont l’eau étoit surchargée de matières
salines.
C ’est sur-tout entre le dépôt militaire de Cox-River et la vallée de
Sydmouth que nous avons fait cette observation. Nous citerons encore,
à l’appui de notre opinion, un fait assez curieux; c’est que du Port-Jackson
jusqu’au-delà des Montagnes Bleues, 'nous n’avons rencontré qu’une seule
montagne granitique, qui cependant présentoit le même phénomène.
C e petit cône, non moins remarquable sous le rapport géologique, est
jitué à Prospect-Hill, dans la belle propriété de M. Lawson; il donne
naissance à de nombreuses sources minérales, qui, je crois, méritent l’attention
des chimistes de cette colonie.
C H A P I T R E XVI I I .
T E R R E - D E - F E U B A I E D E B O N - S U C C E S
L a corvette l'Uranie n’a fait que paroître dans cette baie; mais ce
court intervalle de temps a suffi pour détruire l’impression défavorable
que nous avoit causée la vue de l’affreux cap Horn. Une erreur que
nous devions sans doute aux premiers marins qui visitèrent ces contrées,
nous dominoit presque tous; nous pensions que la Terre-des-États et
la Terre-de-Feu ne produisoient que des végétaux de foibles dimensions.
C e préjugé étoit si profondément gravé dans mon esp rit, que déjà
depuis plusieurs heures nous longions la c ô te , et je considérois toujours
comme des roches stériles et décharnées les forêts immenses qui en
couvrent les hauteurs. C e n’est même qu’après notre entrée dans la rade
de Bon-Succès que je reconnus enfin combien je m’abusois.
En effet, les coteaux qui bordent cette baie sont chargés d’arbres
qui nous ont paru assez grands et fort rapprochés ies uns des autres.
Mais ces arbres ont dans leur ensemble, dans leur manière de se grouper
et dans leur port particulier, quelque chose de sombre et de sauvage.
La vue de l’écorce grisâtre des espèces dominantes, de leur feuillage rare
et fort ténu, d’une teinte uniforme, obscure et glauque, nous faisoit
éprouver un sentiment de tristesse qu’augmentoient encore les approches
de l’horrible tempête q u i , un instant après, nous avoit entraînés ioin
du port.
Cependant la végétation de la plage qui termine cette baie m’a
paru plus ve rte , plus active, plus variée que celle des montagnes.
Le riv a g e , le contour de la rad e, ainsi que toutes les côtes de cette
terre, sont tapissés d’une immense quantité de fucus giganteus {macrocystis
pyrifera, Ag. ).
Encore loin de la terre, ces plantes, dont le sommet flotte à la