
croîs cette influence bien moins importante ; il se compose généralement,
ici comme sur les Montagnes B leues, de sable mélangé avec beaucoup
de terre végétale, et repose sur un fond de grès qui se montre souvent
a nu.
Cette composition du sol se fait remarquer à partir de la côte jusqu a
la Nepean; cependant, sur quelques points de cet espace, à Prospect-
Hill en particulier , on voit quelques montagnes granitiques entourées
ordinairement de terrain alumineux : mais cette différence n’en opère
point une notable dans le développement des productions végétales.
La couleur et le port des arbres les plus élevés , leurs feuilles simples,
obliques et glauques , diversement lancéolées, rappellent les arbrisseaux
de la baie des Chiens-Marins. Mais sans offrir leur état de maigreur et
de dépérissement, ils partagent leur teinte sombre, leur physionomie
sauvage.
A quoi donc peut tenir le phénomène singulier de dégradation ou
d’avortement si général sur cette terre, et dont on retrouve quelques
exemples à i’IIe-de-France, à l’île Bourbon, ainsi que sur le sommet
des îles Sandwich?
A la baie des Chiens-Marins , on pouvoit l’attribuer aux fréquentes
intempéries de cette localité, à l’impétuosité des brises du Sud-Est qui
frappent et froissent souvent ses dunes desséchées, aux nuits froides
contrastant avec des jours brûlans, et sur-tout à la disette de terre
végétale.
Mais i c i , si l’on retrouve quelques-unes de ces causes, par exemple
celles des vents et des variations de température, on est loin d’être en
droit d’adresser le moindre reproche au sol. En effet, excepté sur quelques
points rapprochés de ia mer ou des Montagnes Bleues, la terre of&e de
toute part une fertilité étonnante que quarante ou cinquante ans d’expérience
ont démontrée; chaque jour encore la culture obtient des résultats
de plus en plus favorables, de plus en plus abondans.
Cette partie de la Nouvelle-Hollande, si belle de sa végétation indigène
, si riche aujourd’hui de ses productions alimentaires en tout
genre, etoit naguère, avant que les Européens y abordassent, entièrement
privée de végétaux nutritifs, e t , sous ce rapport, tout aussi
malheureuse que ia terre d’Endracht. Le sol sur lequel l’homme civilisé
trouve de si grandes ressources par la culture, n’avoit rien fait pour
l’homme sauvage, farouche possesseur de cette belle partie du monde ;
à peine recueillo it-il les racines bulbeuses, mais rares et ténues, de
quelques orchidées [tok«] et asphodélées, ies petits fruits acides des
leptomeria, de quelques rubus , et peut-être despersoonia, des hillardiera, &c.
Les légumineuses rudes et ligneuses, ou voisines de cet état, sont peut-
être de toutes les plantes de la Nouvelle-Hollande celles qui offrent
d’ijne manière plus prononcée le singulier phénomène de réduction dans
les feuilles , tandis que les légumineuses tendres ou herbacées ont généralement
des feuilles composées. Mais pourquoi les premières ne sont-
elles pas toujours dans le même état? Pourquoi, à côté d’un mimosa en
arbre et à feuilles simples , trouve-t-on un mimosa en arbre à feuilles
pennées? Telles sont les questions que je me suis souvent adressées en
parcourant ce singulier pays , et que malheureusement je ne saurois
résoudre , à moins d’admettre l’hypothèse proposée en parlant des îles
Sandwich, c’e st-à-dire, qu’une modification créée par une influence
quelconque peut ensuite se perpétuer indéfiniment.
Avant d’abandonner ce champ trop vaste en suppositions , je dois
rappeler encore une fois que des plantes polymorphes du même genre et
peut-être de la même espèce, qui abondent sur cette terre, ont été rencontrées
dans des régions bien différentes, telles que les îles Sandwich,
l’île Bourbon, &c. Mais ces régions, quoique fort éloignées, étoient soumises
aux mêmes influences , et leurs climats, en apparence si distincts,
pouvoient être considérés comme absolument semblables.
C e seroit peut-etre aussi i occasion d’établir les rapports qui existent
entre les végétaux de la Nouvelle-Hollande et ceux des hautes régions
de quelques montagnes qui en sont très-éloignées ; mais ces renseignemens,
précédemment annoncés, trouveront une place plus convenable,
je c ro is , dans le résumé de géographie botanique par lequel je compte
terminer cet ouvrage.
Si ies arbres des Montagnes Bleues sont en général moins forts et
moins vigoureux que ceux des plaines, il faut en chercher la cause
ailleius que dans i élévation médiocre de ces montagnes, que dans la