
de ia petite chaîne de montagnes. Près de ses bords se trouvent les
deux ou trois champs de maïs, d’ignames, de patates douces, de pastèques,
& c ., que l’on cultive encore à Tinian.
Les plantes spontanées de ces lieux sont à-peu-près celles des terrains
marécageux de Guam. On y remarque pourtant en grande quantité la
graminée [centhotheca lappacea) nommée f i G ; ie jussiaa octovalvis, à. fdets
des étamines recourbés de bas en haut et de dehors en dedans, & c .......
Cette dernière plante couvre presque entièrement les bords de ces marais
fangeux.
Immédiatement au-delà de cette lagune s’élève la montagne dont j’ai
déjà parlé. Elle est disposée par plateaux ou lits superposés, de dimensions
variables et de peu d’étendue. De ce côté, la végétation est mixte,
c’est-à-dire, composée de plantes sauvages indigènes, mélangées à des
arbres et à des herbes exotiques qu’on y cultivoit anciennement.
Parmi ces derniers se trouvent des orangers, des citronniers , des limo-
neliiers, quelques cocotiers , et, plus particulièrement, des groupes assez
étendus de papayers , arbres remarquables par leurs tiges grêles, spongieuses
et cependant très-élevées. Dans ce moment, ils étoient couronnés
de feuilles, de fleurs et de fruits d’une couleur jaune-doré et de la
grosseur d’une petite pomme. Ces fruits, placés un peu pius bas que
les feuilles, garnissoient la tige dans l’espace de deux pieds environ et
donnoient à cet arbre un aspect des plus gracieux.
A mesure qu’on gravit les plans successifs de cette colline , ia terre vé gétale
disparoît et la roche finit par se montrer à nu; cependant la
végétation, sur ces derniers points, n’est guère moins active ni moins
abondante.
Ces roches singulières, formées de madrépores parfaitement conservés,
sont tout-à-fait semblables à celles du rivage. Les échantillons que j’en ai
apportés le prouvent de la manière la plus évidente.
Les arbres de cette montagne sont tous indigènes, e t, chose fort remarquable'dans
ces climats, presque tous appartiennent à la même espèce,
au genre unona , nommé pal-pa,;. A peine trouve-t-on d’autres végétaux
ligneux ; quelques frangipaniers et rauwolfia à feuilles ternées ou verticillées ;
plus rarement encore le pisonia mitis [j oumouiiiou J , aux formes monstrueuses,
aux branches courtes et presque coniques, terminées par de petits
rameaux grêles qite surmontent quelques feuilles, quelques panicules de
fleurs.
Du point le plus élevé de la montagne , on découvre toutes les parties de
l’île anciennement habitées par les indigènes. Leurs campagnes désertes ,
leurs monumens mutilés par les orages et le temps, rappellent involontairement
ces champs de repos où l’homme, dans nos climats, trouve
sa dernière demeure. On ne peut se défendre, à cet aspect, d’un sentiment
profond de regret , d’étonnement et de tristesse. Quel fléau a
donc anéanti ies tribus populeuses que ces débris révèlent! L ’histoire du
monde répondra-t-elle un jour!
A côté des trois ou quatre maisons qui composent aujourd’hui le village
de Sounharom, est situé le puits des A n tiq ues, connu des navigateurs
sous le nom d’aiguade d’Anson. 11 a de huit à dix pieds de profondeur,
sur une largeur à-peu-près é g a le , et fournit une abondante quantité
d’eau : il ne tarit jamais. C ’est dans ce puits, dont l ’eau est claire et assez
agréable, malgré la grande quantité de carbonate calcaire qu’elle doit
tenir en dissolution, que j’ai trouvé le conferva qui a reçu le nom spécifique
àXansonii, Agardh. Il étoit recouvert et blanchi en quelque façon
par une petite coquille b ivalve, vitreuse, qui forme une espèce nouvelle
dans le genre cypris [c. gaudichaudii, Guérin).
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