
Je dois cette plante à l’obligeance si souvent mise à l’épreuve de
D. Luis de T o r re s , l’homme le plus recommandable des îles Mariannes
, autant par sa naissance, son rang distingué dans ce pays , que
par son esprit, son instruction et les rares vertus philanthropiques qui
ie caractérisent. C e t excellent vieillard détacha le fragment que je
possède, d’un énorme rameau qu’il conservoit soigneusement à la tête
de son l i t , près de son bénitier.
II me dit, à ce sujet, que les anciens habitans des Mariannes, comme
ceux des Philippines et des Carolines, qu’il a visitées pour son instruction,
considéroient cette plante comme l’emblème de la fécondité, et
ne manquoient jamais d’en suspendre les rameaux près de leurs couches
nuptiales.
C e fut D. Luis de T o r re s, si je i’ai bien compris, ou plutôt l’un de
ses aïeux, q u i, voulant concilier les croyances religieuses des Espagnols
avec les préjugés des insulaires, qui opposoient à leur conversion au
christianisme ( i ) une opiniâtre résistance, imagina de faire bénir le
lycopodium phlegmaria ; et cette plante, ainsi sanctifiée, perpétue à-la-fois
maintenant la mémoire des rameaux de l'entrée à Jérusalem, et ies
traditions superstitieuses des Mariannais.
S I I . L Y C O P O D I A , — Spicis pedunculatis.
Les espèces de cette section , remarquables par beaucoup de caractères
, le sont sur-tout par les écailles des ép is , qui sont libres dans tout
leur contour et fixées à l’axe par un pédicelle latéral qui part du centre
du plus grand diamètre [voyei pi. 2 2 , fig. 3 ) , et porte la capsule
( % 4 )-
}. L y c o p o d i u m MAGELLANICUM.
L . magellanicum. Swart^, Syn. fil. pag. 180; Willd, Spec. pl. 5, pag. i 5.
Lepidotis magellanica. P a lisot de Beauv, Prod. p. 102.
In insulis Maclovianis , locis humidis.
(1) Les Mariannais convertis au christianisme depuis 16 70 , n’en observent pas moins
encore en silence presque toutes les pratiques de leur première croyance.
4 . L y c o p o d i u m v e n u s t u l u m . P l. 2 2 .
L . caule e r e c to , d i c h o t o m o ; ramis d ich o tom o -d e co in p o s itis , latiusculis;
f o l i i s lineari-Ianceoiatis , setigeris, sparsis , imbricatis , fle x u o s is , unmervns ,
subincurvatis , patentibus; spicis subquaternis , c y lin d r ic is , p ed u ncu la tis ;
squamis o v ato-ian ceola tis, eroso-denticula tis, apice aristatis.
In i n s u l i s Sandwicensibus (A lt . 500-400 hexap. ).
h e lycopodium venustulum a des tiges droites, cylindriques, dichotomes ;
des rameaux distiques, huit ou dix fois dichotomes ; des feuilles eparses ,
nombreuses, linéaires, recourbées, terminées par une soie membraneuse,
blanche; trois et quatre épis cylindriques composés d’écailles
vertes, cuspldées, rhombo'ïdales, à bords lib re s , amincis, blanchâtres,
déchiquetés, terminées inférieurement par une languette membraneuse
blanche.
Cette plante se rapproche beaucoup des lycopodium clavatum, tnflexum,
aristatum, U c . , et n’est en effet que l’un des chaînons destinés à les unir
ensemble; car il est évident pour moi qu’ils ne sont tous que les
modifications d’une même espèce primitive, diversement altérée par
des causes accidentelles. C eile-c i diffère cependant de toutes les autres
par ses écailles constamment aristées à la base comme au sommet, par ses
pédoncules alongés , régulièrement dichotomes, ainsi que par ies feuilles
écailleuses qui les recouvrent, lesquelles sont presque entièrement membraneuses
et translucides ; enfin par ses tiges redressées, distiques, et
sur-tout par ses rameaux qui forment un grand nombre de bifurcations.
5. L y c o p o d i u m t o r r i d u m .
L . caule erecto ramisque dicho tomis, confertis ; foliis imbr icatis, lanceolato-
linearibus , a cuminatis, integris , in flex is, r ig id is , viridi-flavescentibus.
In insulis Sandwicensibus (A l t . i 50-200 h e x a p .) .
Les nombreuses anomaiies observées entre ia plupart des végétaux
de ces île s , selon qu’ils ont été recueillis à des hauteurs différentes,
me portent à croire que ce lycopode pourroit bien n’être qu’une simple
variété de l’espèce précédente, qui se trouve à 3 ou 400 toises^ d’élévation
dans une région fraîche et humide, tandis que ceiui-ci croît dans
des lieux se c s , brûlés par ies rayons du soleil.