
des folioles : ils se composent d’une membrane brunâtre, mince, réticulée,
divisée au sommet en 25 dentelures qui, vues au microscope,
sont elles-mêmes denticulées; cette membrane se termine inférieurement,
au point qui lui sert d’insertion avec la marge de la foliole, par un
étranglement qui communique avec un sac oblique, situé dans l’épaisseur
du tissu cellulaire. C e sac contient de nombreux gemmules verts de
forme lenticiflaire ( propagines et bulbilles, Decand.).
T ou s ces corps, encore renfermés dans le sac inférieur ( j’en ai ouvert
un très-grand nombre), étoient à bords arrondis, régulièrement marqués
de deux écbancrures légères, opposées ; tandis que plusieurs de ces
mêmes corp s, expulsés depuis un certain temps des cavités par i’effet
mécanique de leur renflement, se sont montrés lob és, quelques-uns
même épanouis en expansions foliacées . non tout-à-fait semblables à
celies de la plante qui les produit, mais cependant fort analogues, et
de manière à ne laisser que peu de doute sur ce mode remarquable de
reproduction dans les marchantia [i).
J’ai publié textuellement mes notes sur le marchantia polymorpha, en
signalant les différences observées et en rectifiant les erreurs que j’avois
commises dans la description des organes sexuels de ces plantes.
Mais je dois dire que, tout en admettant les belles expériences de
Hedwig sur les sexes des hépatiques, je ne saurois considérer comme
parties accidentelles ces origomes nombreux , munis d’une enveloppe
calicinale uniforme, et figurant si bien des fleurs femelles. Je terminerai
par une remarque qui paroîtra sans doute digne d’attention ; c’est que
les origomes du marchantia polymorpha des îles Malouines sont identiques
avec les origomes du marchantia polymorpha d’Europe. O r , si ces
organes n’étoient qu’accidentels, s’ils ne provenoient que d’un dérangement
dans le tissu cellulaire, il est probable que ce dérangement ne se
feroitpas d’une manière aussi régulière, dans le Nord et dans le Sud , par
le cinquante-deuxième degré comme par le quarante-cinquième. Au reste,
nous nous proposons de suivre encore le développement de ces parties
avant d’asseoir notre jugement, et d’étudier par nous-mêmes ies organes
mâles que conséquemment nous n’aurions jamais vus.
(i) On savoit depuis long-temps que ces corps étoient reproducteurs.
Les marchantia hirsuta, deRio de Janeiro et des îles Sandwich, chenopoda.
du Brésil, et une autre espèce de la Nouvelle-Galles du Sud , font encore
partie de notre collection. Deux anthoceros aussi avoient été le fruit de mes
recherches ; l’un, de i’IIe-de-France , sur la montagne du Pouce ; I autre,
des îles Sandwich, dans les régions nuageuses des montagnes, avec le
marchantia platychnemos. Cette derniere espèce avoit ies fructifications
capillaires d’une très-grande ténuité. Je les ai perdues toutes les deux.
MU SCI , J u s s i e u .
Nos collections en plantes de cette famille étoient très-nombreuses : aussi,
malgré les rapprochemens qui ont été faits entre des espèces provenant
de localités différentes, malgré toutes celles que nous avons perdues aux
îles Malouines, nous reste-t-il encore cinquante et quelques mousses,
déduction faite des variétés quelles présentent. Elles sont distribuées de la
manière suivante : Rio de Janeiro , 1 5 ; îles Sandwich, i i ; îles Mariannes,
8 ; îles Moluques et de la Nouvelle-Guinée ( Pisang et R aw a k ) , 7 ; Nou-
ve’lle-Hollande au Port-Jackson , 6 ; îles Malouines, 6 : total 53.
L ’IIe-de-France nous en avoit fourni une douzaine d espèces; mais
nous n’en avions pas observé une seule à Gibraltar, à Ténériffe et au
Cap de Bonne-Espérance , ce qu’il faut attribuer au peu d’étendue des
courses que nous avons faites dans ces lieux. Il en a été de même a la
baie des Chiens-Marins, où cependant nous nous sommes livrés, mais
sans succès, à la recherche particulière des cryptogames. Mais, je dois
le répéter i c i , ia nature, tout en donnant aux végétaux de ce pays un
caractère d’originalité qui leur est propre , s’y est montrée avare de ses
dons en ce genre, bien plus que par-tout ailleurs. A u s s i, à peine trouve-
t-on sur cette terre aride , pour toutes cryptogames , deux ou trois misérables
productions Iichénoïdes des plus ténues, et pour ainsi dire mi-
croscopiques.
n seroit cependant très-intéressant pour ia science de se procurer des
mousses , des champignons, des fougères, &c. , de ce pays. Nul dôiite
qu’on ne découvrît dans ies organes de la reproduction de ces plantes
mille faits nouveaux et fort curieux, comme nous en ont révélé presque
toutes les fleurs des plantes phanérogames.