
existent entre les ve'gétaux des montagnes des îles Sandwich et ceux de
quelques points de l’Amérique, de la Nouvelle-Hollande, de l’Ile-de-
France et de l’île Bourbon.
Je n abandonnerai cependant pas ce sujet sans faire remarquer que le
mimosa heterophylla, le macharina restioides, Xacrostichum splendens, Xasplénium
erectum, le sida rotundifolia, & c . , qu’on a vus figurer parmi les
plantes de l’île Bourbon, prospèrent sur les éminences des îles Sandwich,
qui en sont séparées par un intervalle de plus de 3000 lieues.
Ne puis-je pas aussi demander si les quivisia, les fagara, les ludia,
les teifia, et tant d autres plantes hétérophylles de l’Ile-de-France, ne
doivent pas leurs singuliers caractères, inexpliqués jusqu’à ce jo u r , aux
causes sur lesquelles j’ai hasardé plus haut mes conjectures.
Les plantes médicinales usitées dans ces îles sont très-nombreuses :
j en ai déjà signalé quelques-unes , et je me propose d’en parler plus
tard dans un article général consacré à l’état de la rnédecine chez les
peuples sauvages, aux moyens curatifs qu’ils emploient, à la préparation
de leurs médicamens, &c.
Mais j’indiquerai ici les végétaux qui fournissent les principes colo-
rans dont ils peignent leurs étoffes, leurs instrumens, leurs embarcations,
&c.
Toutes ces couleurs se composent du suc retiré des feuilles et de
i écorce du [aleurites triloba), uni à un ou plusieurs autres corps.
Ainsi la couleur jaune [ ImuImuï aMiw ] tire son nom du kouhcuï, déjà signalé,
et de l’itwiw, qui est le curcuma; la couleur rouge [ koukouï .mhï ] , du itout ou
morinda citrifolia; et la couleur noire [i.oukoutkoïou,] , du charbon de bois
[luxtHii, ]. Lorsque cette dernière couleur sert à peindre leurs pirogues,
iis lui donnent le nom de oucû-iü-iti, eau noire, ou encre.
Les arbres à écorce tenace dont on fait des étoffe s,des filets, des
cordes, &c. abondent dans ces îles ; ils appartiennent à la famille des
urticées, et quelques-uns à la famille des malvacées. Les plus importans
par leur utilité sont hroussonetia papyrifera [o.m»uhÉ]; plusieurs
boehmeria ou procris, désignés par les noms de Mio-maki et oto„a.; les
neraudia melastomafolia et ovata, nommés koKoToa, à raison de la grande
quantité de suc lactescent qu’ils fournissent.
hibiscus tiliaceus est aussi très-commun dans ces îles ; mais, ainsi que
nous l’avons observé dans presque toutes nos relâches de l’Océanie occidentale,
il ne croît plus sur les rivages, mais bien sur les hautes montagnes
où d’ailleurs il se ramifie beaucoup, et, en général, ne prend
qu’un assez foible développement. Ses fibres et celles de plusieurs autres
malvacées, servent à la fabrication des fils, des cordes et autres liens
employés à réunir les pièces des pirogues, &c.
Il est bien rare de rencontrer un des insulaires de cet a rchipe l, sans
qu’il ait un ornement végétal à la tête, au cou ou sur une autre partie
du corps.
Si les hommes varient peu dans leurs goûts à cet égard, s’ils emploient
toujours les mêmes productions de la terre, il n’en est pas ainsi des
femmes , qui en changent selon les saisons, et pour qui toutes les plantes
odorantes, toutes les fleurs, et même tous ies fruits co lo ré s , servent
tour-à-tour de parure. Ces femmes, et spécialement celles des ch e fs ,
portent habituellement des couronnes et des colliers faits avec les fruits
jaune-doré d’une espèce i e pandanus, qui croît dans les régions élevées
des montagnes. On le nomme Cag OlIO-ÏO..
Les jeunes femmes du peuple, celles de l’île d’Owhyhi sur-tout, semblent
affectionner les fleurs du cordia sehestena [t» ] , arbre très-abondant
dans tous les lieux cultivés. Elles recherchent aussi celles des nombreuses
malvacées , et spécialement du sida rotundifolia, nommé fiina , ri"'*
et Ifiiiia,; les fruits roses et rouges de quelques eugenia [»g«.], &c.
Les jeunes filles des montagnes, qui habitent près des forêts, accordent
la préférence aux fleurs des erythrina, des rudolphia, et notamment
à celles d’une plante herbacée de ce dernier genre [ «»uikAit] , dont les
grappes, d’un ponceau très-vif, forment de magnifiques guirlandes.
Ces parures naturelles sont bien plus riches , bien plus éclatantes que
tout ce que l’art peut enfanter d’éblouissant pour nos élégantes Européennes.
Malheureusement je n’ai pu trouver la plante qui produit les
dernières : aussi ai-je dû me contenter, pour mon herbier, de la couronne
de l’une des jeunes filles qui, dans la vaste ravine d’Onorourou,
m’accompagnèrent pendant toute une journée. Je l’ai déposée dans la
collection générale du Jardin du Roi.