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i’autre à tiges maculées et à feuilles rougeâtres (papaou pinto) ( i) ; des
fougères en arbre, le cyathea mariana, Xangiopteris evecta (2); de nombreuses
urticées herbacées des genres urtica, loehmeria et procris, à feuilles
obliques d’un vert sombre , et à fleurs monoïques ; et dans l’eau des
torrens, sur les bords arrosés par leurs cascades, de nombreuses con-
ferves floconneuses, et entre autres, le thorea gaudichaudii, A g . , nommé
i'ouHun.t; ie chara fibrosa, ies potamogetón lucidum et natans.
Les courans d’eau qui ont échappé au dessèchement, sont aujourd’hui
dirigés avec intelligence dans les plaines ; ils y serpentent à travers des
plantations de cannes à sucre, et des rizières assez vastes où l’on cultive
aussi de nombreuses aroïdes, telles que le caladium esculentum ( wuui ) et
ses variétés ; le caladium sagittifolium, &c. Iis portent en même temps ia
fraîcheur et la fécondité dans les jardins qui embellissent leurs bords,
et où croissent, mais en petite quantité, les productions potagères des
deux mondes.
C ’est sur la lisière de ces jardins humides et dans le fond des plaines
inondées que végètent spontanément : le ceratopteris gaudichaudii, Ad.
Brong, ( i.uu.c.i.g-.ou«oimM,, ) , fougère annuelle, tendre, utilement employée en
salade (3); les limnophila gratioldides et serrata (4), à odeur pénétrante,
agréable, et q u i, pour cela, sont nommés giU-guè ; le kyllingia monocephala! ,
qui porte le même nom à cause de ses racines à odeur de camphre; le
nervillia aragoana ( ) , pl. 35 , à bulbes comestibles; le honnaya
vcronicafolia ; X eleocharis plantaginea [ouWm^cUx&i), dont on mange aussi
quelquefois ies tubercules. \Iacrostichum aureum var. inaquale, ie dacty-
loctenium ægyptiacum [^ A ) , Xeleusine indica, le paspalum kora, le digitaria
appressa, le panicum colonum , & c ., croissent également dans ces lieux.
Quelques points isolés du sommet des montagnes de Guam , situés
derrière Umata et Agagna et inclinés vers ie Sud, sont presque entièrement
privés de végétaux, sans qu’on puisse pourtant en attribuer ia
cause à la destruction des hommes.
(1) 11 est inutile, je pense, de dire que les noms spécifiques de ces deux plantes appartiennent
à la langue espagnole.
(2) Ce tte fougère a des frondes de 10 à 12 pieds de longueur; mais je ne lui ai point trouvé
de tige.
(3) Planche 20.
(4) Planche 5 7 , fig. i et 2,
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Le soi essentiellement volcanique de ces lieux est rougeâtre, de
nature alumineuse, et ne présente, de loin à loin, que quelques pieds
de melastoma denticulata. Labili. , à fleurs blanches ; du myrtus communis
( piosgiicuè ) ; du hlechnum ^omaridides, du blechnum orientale et b. elongatum ;
du hidens tenuifolia. L ab ili.; d’un verhesina à feuilles argentées; du ly-
godium scandens; du schiiploma biliardieri, pl. 1 7 ; du davallia ferruginea
vel sinensis; plus, une petite variété du convolvulus denticulatus (i«goui,) ;
ie digitaria ciUaris, le panicum hirtellum ( tu-oga ) , une petite variété du
panicum colonum, Xandropogon chloridiformis, &c.
Toutes ces plantes ont l’air d’être étrangères à cette terre, e t , chose
fort remarquable, presque toutes se retrouvent soit sur le continent de
la Nouvelle-Hollande , ce sont ies plus nombreuses, soit sur les côtes de
i’ inde ou de la Chine , sans qu’on puisse distinguer entre elles la moindre
différence de formes, de te xtu re, &c.
Ces observations sont peut-être déjà trop multipliées; je ne ies terminerai
pas cependant sans donner un coup d’oeil rapide, non sur l’état
actuel de l’agriculture aux îles Mariannes, parce qu’elle est presque nulle
et tout-à-fait dans l’enfance, mais sur les végétaux indigènes et exotiques
qui en sont l’objet, ainsi que sur les plantes d’une utilité quelconque
qui y croissent spontanément.
Les champs de culture [sementeras, esp.) autres que ceux qui entourent
ies établissemens, sont situés indistinctement dans les plaines ou sur
les montagnes humides ; la nature du terrain a déterminé ces sortes
de choix.
Les ressources alimentaires qu’on s’y procure sont immenses : ies énumérer
suffira, je pense, pour en donner une idée convenable; car les
moindres détails dans lesquels je pourrois entrer sur chacune d’elles,
m’entraîneroient beaucoup au-delà des limites où je dois me renfermer.
A la tête de ces végétaux utiles , doit être placé le cocotier ; il fournit
trois variétés ( i ) , et l’on connoit l’importance de ses produits (2).
Viennent ensuite l’arbre à pain et ses quatre espèces ; ie cycas circinalis
( faJocv. ) , qui est le federico des Espagnols ; le bananier ( ) et ses
( I ) Les naturels en distinguent trois espèces ou variétés ; nous en parlerons à l’article Pa lm a.
(2) Vo ir ibidem.
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