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C H A P I T R E X V I I .
n o u v e l l e -H O L L A N D È ( P O R T - J A C K S Ô N , B O T A N Y - B A Y ,
M O N T A G N E S B L E U E S , B A T H U R S T , & C . )
C e charmant p a y s , le seul de tout le voyage qui m’ait vraiment
rappelé notre belle France, est, comme elle, une source inépuisable de
richesses, par la nature de son terrain et par sa position géographique,
qui le rend propre à la culture de toutes les productions de l’Europe et
de plusieurs autres parties du monde.
Cependant il est soumis à de nombreuses influences atmosphériques
qui doivent agir sur la végétation, et en modifient probablement la
marche et les produits.
Nous n’avons demeuré qu’un instant sur ce point intéressant du globe -;
et ce seroit peut-être trop nous hasarder que d’exposer les idées que son
aspect nous a suggérées; de cherche ra établir sur des notions superficielles
1 intelligence des phénomènes généraux qui caractérisent d’une
manière sensible toutes ses productions naturelles; de rendre raison
des anomalies qui nous ont paru exister entre les plantes d’un lieu,
comparées à celles d’un autre lieu voisin, mais différemment exposé.
Les lois qui président à ces étonnantes anomalies, si fréquentes sur
cette terre, ne peuvent être toutes aperçues, étudiées et justement expliquées
qu’au moyen d’observations nombreuses, bien coordonnées, et
embrassant à-la-fois la géographie, la topographie et toutes les circonstances
accidentelles qui influent sur la constitution de l’air.
Je dois donc me renferme/ dans l ’examen de quelques faits recueillis
à la hâte. Ils suffiront, j’espère, pour établir en thèse générale que les
différences observées dans l’état de développement de quelques végétaux
indigenes ou exotiques , dépendent de l’exposition propre à chaque localité,
bien plus encore que de ia nature du terrain.
Le 2 7 novembre, lors du départ pour notre course a u -d e là des
Montagnes Bleues, ies céréales achevoient de mûrir à Parramatta et à
Prospect-Hill, et on les coupoit déjà à Regent-ville sur les bords de la
rivière Nepean. Plusieurs jours après, nous arrivâmes à la campagne de
M. Lawson et à Bathurst. Là elles commençoient à peine à grener; et,
en ce dernier endroit sur-tout, des épis de froment froissés entre les
doigts, loin d’offrir le grain durci par la maturité, ne donnèrent que de
l’album lactescent et encore très-fluide (i).
C e phénomène seroit difficile à expliquer, si l’on n’avoit égard qu’aux
distances qui séparent ces lieux, et moins encore à leurs latitudes respectives
: mais on s’en rend compte très-aisément à la seule inspection
des localités. En effet, Regent-ville, où nous trouvâmes les champs en
moisson, est située sur ia rive droite de la N ep e an , dans une plaine
bordée à l’Ouest par le rideau majestueux des Montagnes Bleues, rideau
qui la défend contre l’impétuosité des vents de cette partie et les frimas
qu’ils portent sans cesse avec eux ; tandis que Prospect-Hill et Parramatta,
plus éloignés de ce boulevart protecteur, assez rapprochés de la
côte et découverts de toute p a r t, reçoivent alternativement l ’action des
vents glacés du S u d , et celle des brises journalières qui , de temps à
autre aussi, battent ces lieux avec la plus grande furie.
II en est de même de la ville de Bathurst, située au-delà des Montagnes
Bleues, sur un sol plus élevé et ouvert à toutes les intempéries.
On ne peut en douter; c’est à cette double action des vents, qui se
fait sentir sur les végétaux indigènes comme sur les plantes exotiques,
qu’il faut sur-tout attribuer l’aspect de misère répandu sur l’active v é gétation
du Pori-Jackson., des hauteurs -qui le dominent, et probablement
de toute la côte de la Nouvelle-Galles du Sud. Aussi, dès qu’on
s’avance de quelques lieues vers l’intérieur , voit-on les mêmes arbres
se redresser peu à p e u , s’élever majestueusement, -et acquérir enfin des
dimensions colossales.
Nul doute que la nature du sol n’exerce aussi son influence ; mais je
(1) C e que nous avons observé sur le froment, doit aussi'avoir lieu pour les autres céréales,
le maïs, et toutes les productions utiles, même pour la pomme de te r re , ressource si abon-
idante maintenant et d’une si grande importance pour ce pays : mais., je le répète, je n’ai
traversé la Nouvelle-Galles du Sud qu’en courant.
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