
presque tous lui sont communs avec d’autres pays, et notamment avec
la côte septentrionale de la Nouvelle-Hollande, les îles Moluques , les
îles des Papous, les îles Mariannes, les îles Caroline s, et probablement
aussi avec les îles Philippines et des archipels plus éloignés, mais toujours
intertropicaux.
C e que je dis des plantes des campagnes de T im o r , peut se dire avec
plus de raison encore de celles qui bordent le rivage de la mer ; elles
appartiennent aux genres v/tex [v, trifoliata), clerodendrim [clerod. inerme),
nommé par les Malais hcVllOlL OUlTtly , ou bois de serpent (i) ; premna (p.
integrifolia), indigofera, bignonia [ jok ] , glycine , lestibiidesia, tournefortia ,
salsola , salicornia , calophyllum [ b ] , spinifex, que je n’ai pas observé
plus avant dans le Nord ; l’espèce trouvée ici doit provenir du continent
de la Nouvelle-Hollande, où elle existe avec de nombreuses congénères.
Enfin Xhedysarum gangeticum paroît croître sur toute la bande
équatoriale ; le plumbago leylanica, le iprnia angustifoUa, le convolvulus
pes capræ, également très-répandus , habitent aussi toutes les régions
équatoriales que nous avons visitées; Une foule d’autres végétaux sont
dans le même cas ; nous en tracerons le tableau géographique à la fin
de cette relation.
Babao , situé dans le fond Nord-Est de la baie de C ou p an g , est un lieu
marécageux, séjour dégoûtant des crocodiles et d’autres reptiles dangereux
signalés par Péron, et dont son intrépide compagnon, le savant Lesueur,
faillit à devenir la déplorable victime. Les forêts maritimes qui le recouvrent,
toujours ou périodiquement inondées par les eaux d e là mer,
sont d’un accès trop difficile pour qu’il ait été possible de se livrer à leur
exploration dans le peu d’instans que nous y avons passés : elles sont
formées de cette foule de végétaux ligneux vulgairement nommés palétuviers,
parmi lesquels on distingue plusieurs espèces de hruguiera, de
rhiipphora, de sonneratia, à’agiceras, à’avicennia, de laguncularia, et de ce
singulier limonium à feuilles spatulées qui habite aussi le Nord de la
Nouvelle-Hollande, d’où il provient sans doute, et que le savant auteur
( i) C e bois très-amer est réputé spécifique contre les fièvres intermittentes q u i, dans ces
régions, moissonnent en peu de jours les étrangers et sur-tout les Européens : nous retrouverons
cette plante à Vaigiou et à Guam; dans ce dernier lieu, on l’emploie aux mêmes usages.
du Prodromus Floræ Nova - Hollandiæ désigne sous ie nom d'ægialitis
annulata.
Ces marais, d’une vaste étendue, sont bornés, dans les deux tiers de
leur contour, par de hautes montagnes sur le penchant desquelles croissent,
le mimosa [inga) moniliformis, des galedoupa à fleurs roses, à légumes
réniformes monospermes ou dispermes et à fruits lenticulaires ; des ficus
distincts de ceux de Coupang; un pisonia [p. mitis) énorme, non épineux;
Xhibiscus populneus, Xhernandia sonora , des muscadiers [myristica), à
fruits tomenteux , veloutés , bruns , très-suaves ; un santalum, qui ne se
trouve qu’à une certaine élévation, dont le bois aromatique forme un
des objets principaux du commerce de cette île ; plwsiems freycinetia .
perdues dans le naufrage, mais dont j’ai retrouvé une espèce {freyc.
scandens, planche 42 ) dans l’herbier générai du Jardin du Roi ; elle a
été recueillie par MM. les botanistes de l’expédition aux Terres australes :
sur ces plantes grimpent des apocynées des genres dischidia ( d. bengalcnsis
et d. nummularia) (i).
On y trouve encore Xarum rumphii, nommé mAl, à spathe nuancée
de rose et de b run , à spadice rougeâtre , en massue, et à odeur fétide
: c’est le tacca phallophora de Rumphius (2) ; les sida ghmerata ,
rhomhifolia et timoriensis ; les hibiscus hastatus, rosa sinensis, &c.
T e lle est la végétation observée dans les environs de C ou p an g , de
Babao et même de Dillé, que nous visitâmes plus tard, mais que la continuité
de nos occupations médicales nous empêcha d’explorer aussi en
détail qu’il eût été nécessaire de le faire. Cette végétation, comme on
le verra bientôt, a de nombreuses analogies avec celle des montagnes
des Moluques, des Mariannes, de ia Nouvelie-Guinée, ainsi que du Nord
de la Nouvelle-Hollande, fort rapprochée de Timor.
Quelle est maintenant la nature des plantes qui croissent dans les
régions alpines de ces doubles montagnes!
(1) Des fourmis paroissent déposer leurs oeufs entre les deux lames épidermoïdes des feuilles
de ces plantes, et par-là ces feuilles acquièrent un développement très-remarquable.
{2) Voyez pl. 39. Son tubercule b ru n , de tLois à six pouces de diamètre sur une élévation
à-peu-prés semblable, sert, après avoir subi une forte ébullition dans l’e au , à la nourriture des
volailles et des porcs.