
dans l’île d’O w h yh i, les établissemens de culture vraiment dignes de ce nom.
A M ow i, et sur-tout à Wahou, îles moins élevées et que nous croyons
d’une origine plus ancienne, c’est dans les gorges, le long des torrens,
qu’ils sont exclusivement situés.
D e nombreuses habitations adossées aux forêts vierges de ce p a y s ,
sont ombragées par des milliers de cocos, dèeugenia, d’artocarpus, de
hroussonetia, de musa, d’aleurites, de ricinus, et dans leur voisinage
croissent tous les végétaux utiles précédemment observés sur le bord
de la mer. Ils sont arrosés par des milliers de petits ruisseaux q u i , descendant
de la montagne, disparoissent bientôt après dans ses flancs, où
iis forment des torrens souterrains dont souvent on entend le murmure
sous les pieds ; des oiseaux et des papillons ornés des couleurs les plus
vives voltigent à cette élévation ; enfin, là tout respire un air de fraîcheur
et de vie qu’on chercheroit vainement ailleurs.
A cinquante ou cent toises au-dessus , on entre tout-à-fait dans les
nuages, dont les vapeurs acquièrent une densité de plus en plus considérable
et finissent par se résoudre en pluie.
Pénétré par leur humidité, j’y ai plusieurs fois ressenti un froid très-
v if , produit sans doute moins par un grand abaissement de température
que par la transition trop rapide d’une chaleur excessive, étouffante,
à une chaleur plus douce, qui, loin de nuire à la végétation, paroît au
contraire la favoriser d’une manière surprenante.
Là se trouvent ces nombreuses fougères arborescentes ; ce pinonia
splendens, pl. 2 1 , à tronc recouvert de soies dorées; le hlechnumfon-
tanesianum, pl. i j ; [’asplénium ( athyrium ) poiretianum [ oS-i ] , pl. 13 ; le
polypodium keraudrenianum , pl. 7 ; Xaspidium duhrueilianum , pl. 9 ; le doodia
kunthiana, pl. i4 ; X acrostichum crassifoUum et ses nombreuses variétés; le
polypodium pseudo-grammitis ; [e polypodium thouinianum, à tiges grimpantes
et à feuilles de lierre, pl. j ; le polypodium pendulum, Xasplénium erectum,
Xasplénium laceratum et sa variété à fructifications confluentes ; les pteris
excelsa ( i ) , decomposita, alata, pl. 19 ; ies élégans adenophorus tripinnati-
( i) Le malheureux Sandwichien qui m’accompagnoit, ne discontinua pas, malgré le malaise
que le froid paroissoit lui faire éprouver, de manger les sommités encore tendres et roulées de
la plupart de ces fougères, et particulièrement celles inj/ te rh excelsa.
jid us, hipinnatus et minutus, pi. 8, fig. i , 2 et 3 ; Xaspidium apiifolium ; le
nephrodium exaltatum, terrestre et à frondes redressées; le dicksonia villosa
, le trichomanes davallioides, Xhynienophyllum recurvum , e t , le long des
ruisseaux et des torrens, Xadiantum capillus veneris, Xhydrocotyle vulgaris,
le marsilea quadrifolia , le potamogetón pusillum ; le conferva sandwicensis ,
chargé d’une innombrable quantité de cypris opalines.
A cette élévation, on commence à trouver de charmantes pandanées
ligneuses, à bractées écarlate; et parmi e lles, \e freycinetia arbórea
[ ï-É-ï-é ] ; un pandanus [ Eagouaï» ] , perdu dans le naufrage, à fruits
jaune-citrin, dont ies vives et galantes Sandwichiennes forment une
agréable parure; Xeuphorbia plusieurs fois signalé, mais ici tout-à-fait
arborescent, dont le tronc acquiert et dépasse même souvent un diamètre
de 3 à 4 pouces; une apocynée odorante, du genre gynopogon [g. olivx-
formis; aïyxià, R. Brown ) ; Xosteomeles anthyllidifolia [ cuvé J , a fruits blancs,
douceâtres, mais peu recherchés des indigènes ; [’artocarpus incisa, le
hroussonetiapapyrifera ; le mimosa heterophylla [iwi,iioi-i , semblable
à celui de l’île Bourbon et analogue à ceux de la Nouvelle-Hollande (i) ;
le metrosideros polymorpha [ôéga.iéa], pl. 108 et 10 9 , non moins remarquable
par la diversité de ses feuilles. C e dernier arbre est abondamment
chargé d’une espèce particulière de viscum , v. metrosideri [ paou-.,,» ] ; c’est
la seule plante parasite observée sur cette terre.
II est probable qu’on rencontrera un jo u r , dans les régions supérieures ,
de nombreuses orchidées, peut-être congénères de celles de l’Ile-de-France et
de l’île Bourbon.; mais je suis forcé de convenir que, jusqu’à ce moment,
on n’a pas aperçu aux îles Sandwich un seul individu de cette famille (2).
Là encore se trouvent ces nombreuses lobéliacées (3) des genres cler-
(1) M. Aubert du Petit-Thouars, qui a recueilli cette plante à l’île B o u rb on , a observé un
phénomène tout-à-fait contraire; les feuilles devenoient de plus en plus simples et étroites à
mesure qu’il gravissoit davantage sur la montagne. C e qui s’explique par la grande élévation à
laquelle ce savant naturaliste se trouvoit alors. Je pense que les botanistes qui franchiront la
région nuageuse et boisée des montagnes de l’ île O w h y h i, feront la même remarque.
(2) M. A de lb e rt de Chamisso m’ a dit qu’il pensoit en avoir une dans ses herbiers.
(3) L a famille des lobéliacées estsi naturelle, qu’elle semble au premier abord ne se composer
que du seul genre lohelia; mais un examen plus approfondi, et le besoin de diviser les nombreuses
espèces qui la composent, nous ont déterminés à faire des genres qui au moins formeront
de très-bonnes sections, ainsi que nous essaierons de le démontrer à l’article Lûbeliaceæ.
Voyage de l’ Uranie. — Botanique. I ^