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la force v ég éta tive de cette plante est surprenante, tant sur-tout l ’influence de
cet heureux cliinat est favorable à la v égétation (9).
J ’avois besoin de cette instruction , que je sollicitai v ivem ent, pour éclaircir
un fait qui , jusqu’à ce moment, me paroissoit entièrement inexplicable. Dans
les M o lu qu e s , lors de notre relâche à R aw a k , je fis une course avec M . D u -
perrey sur l’iie V a ig io u , dans la haie de Kabaréi ; là , seulement, nous vîmes
les indigènes de cette terre dans ieurs habitations. J ’entrai presque malgré
eu x dans une de leurs cases; je la trouvai aux deux tiers remplie de sacs de
s a g o u , qu’ils redoutoient de nous m on trer , dans ia crainte que nous ne leur
enlevassions ce produit de ieur industrie et de leur commerce, comme nous
l ’avons su depuis. Je ieur demandai des renseignemens sur cette substance et
sur les moyens de l’obtenir. Ils s’empressèrent d’y satisfaire de la manière la plus
positive , dès qu’ils furent rassurés sur nos intentions : ils me montrèrent le
' c y c a s , et je compris parfaitement par leurs signes comment ils en retiroient la
partie médullaire, et comment, après l ’avoir fait macérer dans l ’eau douce pour
en enlever le principe extra c tif d élé tè re , ils la faisoient sécher sur des feuilles de
palmier étendues sur des nattes; ils ne me laissèrent enfin aucun doute sur ce
point. Mais ce fu t vainement que je cherchai à leur faire comprendre qu’en
coupant ainsi les cy ca s , ils s’exposoient à les voir disparoître de leur s o i, et à
se priver jiar la suite de cette précieuse ressource. Il est probable que si
j ’avois pu me faire comprendre des habitans de V a ig io u , ils m’eussent donné
dès-lors les explications que je reçus plus tard de D . Luis de To rrès sur la
reproduction des cycas par boutures , reproduction qui doit être bien plus
•active encore dans cette région des Moluques que dans celle des Mariannes,
•situées à douze degrés plus au Nord. Il me fu t également impossible de leur
faire concevoir que les fruits du cy ca s, préparés de la même manière, c’est-à-
dire coupés par morceaux et mis à macérer pendant trente-six, quarante-huit à
soixante-douze heures ( lo ) , valoient autant et même mieux que la partie nié-
(9) Pour que ce plicnomcne ait üeti, ij faut de toute nécessité qu’ il existe des bourgeons dans ces tiges,
ou que, tout au moins, eiies aient une prédisposition fort grande à les former. Comment, d’après ceia, les
cycas ne sont iis pas plus souvent à tiges rameuses!..........
Je crois que D . Luis me dit aussi que ies boutures des individus femelles réussissoient mieux que celles
des mâles ! Mais je n’ai pas parfaitement compris ce fait, que depuis je n’ai pu trouver l’occasion de me
faire expliquer mieux : en sorte que j’ignore encore s’il a voulu me dire que, dans ce cas, les individus
emeiies réussissent mieux que ies mâles, ou bien si ce sont les femelles seules qui réussissent; Je pense que
c ’est cette dernière idée qu’il a voulu m’exprimer.
{10) Le temps quedoit durer cette opération est rciatifà une fouie de circonstances, ct particuUcrcincnt à
a température du lieu, à la grosseur des morceaux, aux masses sur lesquelles on agit, &c.
En général, il vaut mieux prolonger cette macération au-delà dn temps nécessaire, que de l’arrétcr trop
vite, puisque de nombreux exemples attestent que des accidens très-graves, ct même la mort, sont qucidullaire
de cet arbre. Mais il est probable que je ne dois rien avoir à r e g r e tte r ,
et q u ’ils connoissent aussi ce moyen d’extra c tion , beaucoup plus facile et plus
p ro d u c tif
U n second mode de reproduction du cycas par b ou tures , consiste, toujours
d ’après la même autorité, à jarendre de jeunes individus d’un an ou de dix-huit
m o is , q u i, à cet â g e , ressemblent assez bien à de grosses et longues racines
fusiformes, irréguiièrement marquées de distance en distance par de petils
points con ca v e s , sortes de cicatricules ou y eu x moins p ron on c é s , mais analogues
à ceux q u ’on rencontre sur quelques racines tubéreuses; à les couper par morceaux
, ainsi q u ’on le fait pour la pomme de te r r e , et à les planter ou simplement
les disséminer à la surface de la terre. Puisque des boutures peuvent
prospérer par de semblables m o y en s , combien à plus forte raison la vég éta tion
ne doit-elle pas marcher plus vite dans les embryons des fruits placés dans ies
mêmes circonstances ; cette a c tion , en e ffe t, est si rapid e , q u ’on seroit tenté de
croire q u ’elle s’exerce dans le fruit long-temps avant sa chute des spadices.
L a tige des cycas est ordinairement simple. J ’en ai cependant observé
quelques-uns ( i i ) à tige non précisément rameuse , mais double.
C e phénomène se produit dans des circonstances ainsi que par des causes
diverses, et particulièrement lorsqu’on coupe un de ces arbres à plusieurs pouces
au-dessus du soi. Dans ce c a s , ii ne tarde pas à se déveloper deux ou plusieurs
Ixjurgeons à cette base de tronc ; un seul réussit ordinairement; mais qu elqu e fois
il arrive que deux s’élèvent en semb le , s’appliquent l’un à l’autrerau point
de se gre ffe r, et de n’offrir plus en apparence q u ’une seule tête de feuilles.
C e t te émission p eu t avoir iieu sur toutes les parties de la tige ; mais c’est sur-tout
vers les trois quarts supérieurs de son élévation ordinaire, q u e , soit naturellement
soit par a c c iden t, la v égétation se trouvant ralentie par une cause q u e lco n q u e ,
un ou plusieurs bourgeons se forment et produisent des rameaux qui se rapquefois
l'csultés-de i emploi de cette fécule mal préparée. D ’après cela, 11 ne sera pas inutile de signaler ici
les précautions générales qu’il est indispensable d’observer. Elles consistent :
i.v A couper les fruits mûrs ie plus menu possible; ii seroit même préférable de les hacher, de ies
râper ou de les piler ;
i.v A ne pas agir sur de trop grandes masses;
3.V A remuer souvent ct même malaxer ces fruits, afin de faciliter la dissolution du principe extractif,
dans iequel réside ieur propriété malfaisante ;
4.“ A renouveler l’eau au moins toutes les dix-huit ou vingt-quatre heures. Ce temps suffit, dans ces
régions chaudes, pour permettre à la liqueur d’entrer dans un premier degré de fermentation, que je crois
favorable à l’opération;
y.» Enfin à exprimer la matière par le moyen d’une forte presse, avant de la soumettre à la dessiccation.
La fécule préparée de cette manière n’offre plus aucun danger.
(11) M. ie docteur Q u o y , chirurgien-major de notre expédition, se rappelle en avoir vu beaucoup ; et
Rheed, Mal. 3, tab. 20, f. 2, représente un énorme cycas divisé au sommet en cinq ou six r.imeaux.