dans des maux plus horribles. Nous ne prétendons point à des
exemptions ni à des privilèges; nous ne voulons pas aussi être
plus que nous ne devons être comme partie intégrante du Chili.
Nos voeux sont pour la liberté et pour cette égalité compatible
avec l'ordre et les lois de la n atu re , que ¡iroclamcrent toutes les
villes du Chili eu secouant le jo u g de l ’E spagne. Nous aspirons
à la félicité générale de la patrie et à la terminaison d un e
guerre qui nous consume ; e t , comme l ’expérience nous a démontré
q u ’il est impossible d’obtenir ce double but sous 1 administration
a c tu e lle , qui a dégénéré en despotisme, nous demandons
, comme étant le meilleur remède pour éviter les maux
présents et fu tu rs , la réunion ou convocation d’une représentation
n a tion a le , ou congrès général de la n a t io n , au moyen
de députés élus par la libre volonté des h abitants, afin de déterminer
l’espèce de gouvernement qu’il conviendrait d a vo ir ,
mais de forme républicaine. Nous ue voulons payer le tr ib u t de
nos respects et de notre obéissance (¡u’aux lois émanées de la
souveraineté n ation a le , et nous protestons, pa r tout ce qu’il y a
de [)lus sacré, que cette opin ion , qui nous a coûté onze ans de
sacrifices, sera soutenue de notre sang. I l est temps q u ils
finissent les abus de l ’administration a c tu e lle , et que nous nous
constituions d’une manière d ign e , légitime et permanente.
« Nous sommes fortement persuadés que tel est le voeu général
de tous les habitants du Chili ; e t , en employant les justes
moyens que nous avons adoptés pour sa réa lisa tion, nous
comptons sur leur union in time, et surtout sur 1 ardeur et les
efforts qu’exige la défense de la plus juste des causes.
« C o n c e p c io n , dé cembre
L e général Freire a l ’assemblée des villes libres.
« Mon auto r ité , comme émanant d’un pouvoir constitué radi-
P A R T IE H I S T O R I Q U E , CH A P . X I . ,8 g
calement entaché de v ices de n u llité , a été ju sq u ’à ce jo u r problématique;
et la guerre dangereuse q u ’a soutenue cette p rovin ce,
ainsi que le désir de ne point la voir tomb er dans un abyme de
m au x , ont pd seuls me faire dissimuler ces principes toujours
aux prises dans mon fo r intérieur avec la libéralité de mes sentiments.
Mais aujourd hui que je vois dans la légitimité de leurs
dignes représentants tout ce que demandent naturellement les
villes pour adopter la forme de gouvernement qui convient le
plus a leurs intérêts ré c ip ro q u e s , quand une usur|)ation scandaleuse
de leurs droits imprescriptibles menace la liberté achetée
par onze ans de sacrifices, je serais répréhensible aux y eu x des
hommes sensés, si je pensais conserver un instant de plus un
commandement quiapp artient entièrement à W'.SS.,dép ositaires
de la confiance publique. Ainsi d on c , dès aujourd’h u i , donnant
ma démission, je dépose entre les mains de V V . SS. l ’administration
civile et m ilita ire, dont l ’énorme poids peut seul gra v iter
dans un corps où résident notoirement le conseil et la prudence.
« Je viens soumettre au ju g em en t impartial d eV V . SS. mes opérations
antérieures. Il n’a rien à craindre celui qui a toujours eu
pour guide la liberté civile de la république. Placé aujourd’hui
dans la position d’un simple c ito y e n , si l’assemblée souveraine
daigne me donner ses o rd re s, elle reconnaîtra mon entière
obéissance, et j ’aurai moi-même le plaisir de la convaincre que
je ne serais arrêté par aucun sa c rifice , si le c ri de la justice
venait à être étouffé par l ’ambition. Simple soldat de la digne
armée que j ’ai su conduire à la v ic to ir e , je montrerais que le
maniement du fusil m ’est encore plus facile que celui de l’épée.
• Que Dieu garde V V . SS. bien des années.
«C o n c ep c io n , 9 d é cemb re 1822.»
Ramon F r e i r e .
F é v rie r
1823. TA
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