,,8 V O Y A G E A U T O U R DU MONDE,
jxceiiibr« taine et de ses quatre compagnons. Il dut doue chercher des
moyens de pourvoir à leur subsistance. Heureusement qu’à
sou arrivée dans l’ile U avait planté des patates; il y porta tous
ses so in s , et, dans le cours de la seconde saison, elles lui offrirent
une provision bien précieuse. Il avait un chien qui de temps en
temps prenait tjuelque cochon. Les oeufs des albatrosses, recueillis
dans la saison convenable, ajoutaient encore à la nourr
itu re , et il enqdoyait les peaux de phoques eu guise de vêtements.
I l parvint aussi à bâtir, avec le secours de ses compagnons
, une maison en pierres qui existe encore dans l’ile ; elle
était assez solidement construite pour résister aux tempêtes
hivernales.
Pour surcroît d’infor tu iie , les quatre matelots, sur lesquels
il n’exerçait plus aucune autorité, si ce n'est celle qu’il jugeait
être purement nécessaire à leur mutuel a vanta g e , impatients
même d’un si doux con trô le , saisirent l ’occasion d’enlever l’unique
embarcation qu’il pos séda it, et le laissèrent seul dans l ’île.
Ainsi entièrement abandonné à lui-méme, il passait son temps
à préparer des peaux de phocjues et â recueillir des provisions
pour l ’h iver. Une ou deux fois par jo u r il gravissait une
montagne d’où il avait la perspective immense de l ’Océan , sur
lequel sa vue cherchait l’approche de quelque navire ; mais
toujours il s’en revenait désappointé et abattu.
Après une absence de plusieurs m o is , les quatre matelots,
ayant éprouvé cju’ils étaient inhabiles à pourvoir d’eux-mêmes à
leurs besoins, retournèrent aujirès du cajiitaiue Barnard. Il eut
encore beaucouji de difficulté à maintenir la jiaix entre ses
compagnons; un d’entre eux eut l’audace de conjurer sa mort;
mais Jiar bonheur son projet fut découvert assez, a temjis jiour
en empêcher l’exécution. Il relégua cet homme sur une petite
ile dans le havre Quaker, et eut soin de l’ui fournir des jirovi-
sions. Dans l ’espace de trois semaines, il s’opéra un si grand
changement dans l ’esjirit de ce m isé rab le , que lorsque le ca-
jiitaine Barnard le retira de cette ile , ses traits minés jiar la
douleur annonçaient un véritable repentir.
Dès ce m omen t,tous se montrèrent a ttentils aux avis de leui'
ch e f, et le dernier surtout eut une conduite exemplaire.
C’est ainsi qu’ils continuèrent â v iv r e , faisant comme â l ’ordinaire
des incursions dans les îles voisines 'jiour y chercher
des jirovisions. E n fin , dans le mois de décembre 18 1 5 , après
deux ans passés sur cette so litu d e , ils virent aborder un baleinier
ang lais, destiné pour la mer Pacifique, qui les prit â
bord de son navire.