Cette dernière attention est encore d’un avantage immense pour
les poissons, pour les mollusques et pour les zoophytes, dont
les premiers perdent promptement leurs couleurs, et dont les
autres changent même de forme au point d’être entièrement
inccomiaissables; et eu e ffe t, ce ne sera que dei>uis Péron
(pie l’on aura commencé à connaître véritablement les mol-
lus(pies et les zoophytes de la zone toi-ride. Les naturalistes
russes de MM. de Krusenstern et K o tz eb iic sont même jus(|u a
présent les seuls (¡ui ¡¡artagent avec nos naturalistes français
l ’honneur d’avoir agrandi ce nouveau domaine de la
science.
Mais nous ne devons pas nous b orner à cet exposé général ;
et il co n v ien t, pour rendre une entière justice à nos zoologistes,
([lie nous entrions dans le détail des matériaux qu’ils ont procurés
à l ’histoire naturelle.
T o u t ce qui concerne les animaux vertébrés a été recueilli
[irincipalement par MM. Lesson et Garnot : ils se sont aussi
beaucoup occupés des co([uilles, (les mollusques, des madrépores;
mais c ’est surtout M. d’Urville qui s’est attaché à la recherche
des insectes et des autres petits animaux articulés.
L ’histoire de fe sp èce humaine a attiré leurs premiers regards;
ils se sont procuré des crânes de plusieurs r a c e s , autant que le
leur a jiermis le devoir de ne pas blesser le respect de ces
peuples pour les tombeaux de leurs pères. Ils ont rajiporté entre
autres ceux d’une peuplade peu connue de fin té r ieu r de la
Nouvelle-Guinée, (|ui porte le nom d’Alfourous.
L a classe des quadriqièdes ne pouvait leur fournir beaucou])
de grandes espèces, puisqu’ils n’ont point fait de séjour prolongé
sur de grandes terres. Ils n’en ont rapporté que douze;
m a is , dans ce nombre , il en est u n e , le lapin noir des îles
Malouines, c[ui nous parait nouvelle pour la science; une autre,
le grand plialanger ta ch e té , qui n’était point au Muséum
d’histoire n atu re lle , et deux ou trois ([ui n’y sont (|u’en mauvais
état.
Deux crânes de l’espèce de dauphin dite à scapulaire blanc,
que Péron avait d éc rite , mais dont il n’avait rien rap p o r té,
sont aussi une acquisition intéressante pour nos collections
anatomiijucs.
Les oiseaux sont beaucoup [)lus nombreux. Il s’en trouve
deux cent cin([uante-quatre espèces, et plusieurs y sont â
q uatre, quel([ucs-imes. à six et à h uit individus. Sur les deux
cent cin([uante-([iiatre espèces, quarante-six ont ¡¡aru nouvelles
pour la science, c’est-à-dire qu’on ne les c roit pas encore
décrites p ar aucun naturaliste. Quelques-unes, quoique déc rites,
inaii(|uaient aux collections du cabinet du roi ; toutes ont de
l’intérêt p a r le u r rareté et leur b eau té ; e t , d’après les intentions
de M. le ministre de la marine, celles dont le cabinet du
Roi n’aura pas besoin, iront orner ceux que l’on forme dans
les ports.
Nous n o te ron s , dans le nombre des plus rem a rq u ab le s ,
un cassican à reflets m é ta lliq u e s , aussi brillants que ceux du
calibé de Buffon , et (¡ui chante mieux ([ue les autres espèces.
Nos zoologistes ont eu le soin de rapporter sa trachée-artère.
Un des motifs qui avaient fait choisir la Nouvelle-Guinée pour
un des principaux buts du v o y a g e , était d’y observer les oiseaux
de paradis dans leur climat natal et dans leur état naturel. Ces
messieurs en ont en effet tué sur le sommet des arbres élevés
où ils se tien nen t, et les ont rapportés dans un état parfait
d’intégrité. Ils o n t , entre a u tre s , une femelle dont on ne connaissait
auparavant (ju’uii individu incomplet dansun cabinet de
Hollande. Le prion de M. de Lacép èd e, la vaginale de Latham,
sont aussi de ces genres rares dont on n’avait que très-peu d’individus
en Europe , et dont nous devrons une belle suite à cette
expédition.