poussés par les courants de l ’O c é an , contribuent à former des
dépôts considérables auxc[uels est dù l’exhaussement du fond
de la mer daus le voisinage des côtes. L ’on doit attr ibuer à cette
cause constante le peu de profondeur que l’on trouve au milieu
de l’embouchure du fleu v e, e l les fonds d’attérisseinent qui prolongent
tou t le rivage des terres Magellanlques.
Le 14 , nous atteignîmes le 44“ degré de latitude. Le v eut d E .,
qui nous avait accompagnés jusqu’a lo rs, lu t remplacé par des
brises d 'O ., et ce fut avec ces dernières que nous ai’rivâmes aux
iles Malouines.
Dans ce trajet nous eûmes presque toujours un très-beau
temp s, et nous fûmes même plus d’une fois contrariés par des
calmes aussi parfaits que ceux des régions équinoxiales. Nous
ép rou v âm e s, pendant la durée des nuits, une forte r o s é e , dont
l’abondance était en raison des progrès que nous iaisions dans
la direction du su d , tellement q u e , lorsque le ciel était très-pur,
elle pouvait être comparée à une pluie fine et continuelle.
Nous fûmes souvent entourés de baleines de 1 espèce fran ch e ,
de manchots et de dauphins. A i8 o lieues des îles Malouines
et de la côte d’Am é r iq u e , le maître eanonnier Roland tua un
go r fou sauteur [aptenodytes chysocoma). Nous le rencontrâmes
pa r trou p e s, et ce fut pour nous un sujet d’étonnement de voir
ce singulier anim al, q u i, en raison des vices remarquables de
son org an isa tion , semblerait ne devoir jamais s éloigner des côte
s , se hasarder si loin en pleine mer. Nous aperçûmes aussi
l ’élégant dauphin c ruciger du docteur Quoy. Des bandes nombreuses
de ce cétacée suivirent long-temps la corvette.
Le 1 5 , nous naviguâmes sur la jîosltion assignée à 1 ile Pe-
pys. B y ron , Bougainville et plusieurs autres navigateurs se sont
livrés vainement à la recherche de cette terre ; et ils se seraient
sans doute épargné cette p e in e , s’ils avaient fait attention que
Cowley, qui dit l’avoir découverte en 1684, était embarqué a
cette époque avec G, Dampier dont la relation fait snffisam- novombie
ment connaître que les terres qu’ils ont l’un et l ’autre aperçues
dans ces parages ne sont autre chose t[ue les îles Sebald de
Weerd.
Le 1 7 , dans l ’après-midi, nous vîmes très-distinctement toute
ia côte nord de l'ile Conti ou de la Soledad, qui est la plus
orientale des iles Malouines. Le jo u r précédent M. Bérard avait
tué le chionis ou bec-en-fourreau de Forster, oiseau rare que
l'on ne trouve que sur les rives des terres australes, et qui parait
ne devoir jamais s’éloigner beaucoup des côtes. Il est si peu
propre à se rejioser sur la mer, qu’a yant été légèrement blessé,
il vint se réfugier à bord oii on le prit.
Vers les 7 heures du soir nous reconnûmes la longue chaîne
de rochers qui s’étend»au large de la pointe de la Bai'ra, et le
brisant de la roche sous-marine qui fut si funeste à la corvette
l'ETranic. Nous nous dirigeâmes de manière à jiasser â deux
milles de ce danger jiour nous rendre dans la haie Française,
où nous avions l’intention de relâcher; mais le vent s’étant fixé
à 10 heures à l’O ., nous empêcha d’en atteindre l’entrée, et nous
fûmes obligés de passer la nuit en panne. En attendant le jo u r ,
nous sondâmes diverses fois â six ou huit milles de la cô te , et
nous trouvâmes successivement 60, 65 et 86 brasse s, fond de
gra v ier gris et de fragments de coquilles.
Le 18 , à la pointe du jo u r , quoi(|ue les terres fussent entièrement
embrumées, nous reconnûmes (juclques points de la
c ô te , dont les relèvements nous donnèrent la certitude que les
courants nous avaient portés an sud toute la nuit. Nous
étions en effet vis-îi-vis le havre de Choisenl. Il fallut louvoyer
pour gagner la baie Française, où nous entrâmes avec une brise
(le N .N .O ., en rangeant le plus possible la pointe de l ’A ig le ,
dans l’espérance de [louvoir mouiller à la bordée dans la rade
(le Saint-Louis. Mais parvenus devant l ’anse C h a b o t, le veut