[1 fut annoncé par une dépression considérable du mercure
dans le b a rom è tre , par une brise du Nord avec ra fa les, par une
|)luie continuelle et ¡lar une bande de nuages noirs fixés dans
la partie du Sud. Le veut de S. S .O. se déclara tout-à-coup au
milieu d’une b ourrasque du Nord, qui nous avait forcés d ’amener
les huniers sur le ton. I l devint d’une telle violence qu’il fallut
faire un instant vent arrière : il chassait devant lu i une brume
épaisse qui s’était m aintenue quelque temps à l’horizon; et une
multitude de p é tre ls , dont les ailes fatiguées ne pouvaient offrir
la m oindre résistance à la force des rafales, se laissaient entra
în er au gré de la tempête , à rexcepticn de l'a lb atrq ssé, qui
sc balançait avec calme au-dessus des vagues soulevées.
Durant cinq h eu r e s , le pampero ne cessa de souffler avec
v iolence; mais ensuite il diminua d’intensité. Le baromètre remonta
a lors d’une manière sensible, et le ciel s éclaircit peu a peu.
Toutefois les rafales se prolongèrent en co re , et ce ne fut
que dans la journée du 5 , qu’une brise de N.E. ramena le beau
temps ; avec lu i, les damiers et les fous qui s’é taient éloignés
daus le fo r t de la tem p ê te , revinrent vo ltig e r autour de la corvette
au milieu des albatrosses qui ne l’avaient point abandonnée.
Dans la matinée du 8, nous fûmes entourés d’un grandnombrc
de baleines. Nous étions alors à 120 lieues dans lE .S .E .d u R io
de la Plata. Nous aperçûmes d eux navires baleiniers; l ’un d’eux
se dirigea vers nous, et il mit une embarcation à la m e r , pour
nous prier de lu i communiquer notre longitude. Le capitaine
Job T e r ry , cjue nous reçûmes à bord de la c o rv e t te , commandait
le Good-Return, bâtiment de 35o tonn eau x, armé de 23
hommes. Expédié de New-Bcdfort pour la pèche de la b aleine ,
il ava it, depuis deux mois, rempli 700 barils d’huile de 3o
gallons chaque, et il espérait compléter sa cargaison entière
de 1800 barils, dans l’espace de six mois. Il nous donna
diverses indications sur les jiafages qu’il fréquentait. Il
avait choisi |30ur son princijial point de relâclie le port de
Ste.-Hélène, situé au nord du golfe de St.-Georges, par 44° 34’
de latitude méridionale, oii il lui était facile de renouveler son
eau et de p ro cu r e r , au moyen de la pêche et de la chasse,
quelques rafraîchissements â son équipage. D ’après lu i, les
vents d’O uest régnent en hiver avec une sorte de continuité
sur toute la côte des terres Magellanlques, et ils sont remplacés
par ceux de l ’E st, qui dominent tou t l’été. Le pampero
ue l ’avait point atteint le 3 novembre, qu o iqu ’il ne fû t qu’à
120 lieues dans le Sud de la position que nous occupions à
cette époque, lorsque nous éprouvâmes ce coup de vent. Il
avait eu au contraire des brises modérées de la partie de l'Est
et un temps magnifique.
Nous nous étions enqiressés d’offrir au capitaine Job T e r ry
les secours dont il pouvait avoir besoin; mais il était parti
depuis trop peu de temps du port d’armement pour qu’il lui
manquât quelque chose ; et il ne voulut accepter que quatre
bouteilles d eau-de-vie de France que nous lui présentâmes, en
lui souhaitant une heureuse pêche. Dès que nous l’eûmes
qu itté , nous continuâmes notre route au S .S .O .
Durant le cours de notre voyage, nous nous sommes fait
un devoir d observer avec soin et de tenir chaque jou r
compte de la vitesse et de la direction des eaux à la surface
de 1 Océan. Comme ce travail nous a permis de réunir quelques
observations assez importantes sur cet o b je t, nous avons pensé
q u il ne serait pas inutile de présenter, an fur et à mesure que
nous avançons dans notre re la tion , celles qui nous ont paru
mériter l’a ttention des lecteurs.
Plusieurs navigateurs, en prolongeant les côtes du Paraguay,
ont remarqué que les eaux du Piio de la Plata s’étendent au
large â des distances considérables. Daus l’expédition de