où devrait dominer le suicide, si la relig ion n’exerçait son empire
divin sur les coeurs.
« Il y a onze ans qu’elle a [iroclaraé sa lib e r té , e t, lorsqu elle
croyait commencer à jo u ir de ses heureux ré su lta ts, elle vit
avec doideur arra cher de son sein uue jiartie de ses jilus dignes
enfants, qui furent sacrifiés à des ressentiments jirivés et a
l ’amb ition, par l ’ordre du premier homme qui s empara daus la
capitale de tous les jiouvoirs. On favorisa alors un jiarti d Esjia-
gnols ennemis de l’état ; on les nomma au gouvernement de la
jiro v iu ce , et il en résulta la jirompte invasion d une armée qui
s’en enqiara sans tire r un coup de fusil. Jfotre destinée, nos
fortunes et les nombreuses ressources qu’offrait notre pays, tombèrent
en un seul jo u r entre les mains d'un ennemi méprisable
et par le nombre et par la qualité.
«La fortune accorda à une division de l ’armée patriote commandée
Jiar deux fils de la Co nc e jic ion , la jiremière victoire de
cette g u e r r e , à Yerbas-Buenas. L ’enuemi recule jusqu’à Chillan,
où il se fortifie. Carrera l ’attaque et ne v eut pas le vaincre ;
mais, quoique ses intentions fussent de jirolonger la guerre
Jiour se rendre nécessaire au Chili et le d om in e r , il ne put
éviter de vo ir son armée vaincue par la rigueu r de la saison durant
laquelle il fit la campagne. Les nouveaux renforts que put
recevoir l’ennemi, et la division qui existait dans l’année patriote
pa r la jalousie ou les vues privées de leurs généraux, perdirent
la république un peu plus d’un an après le commencement
d’une lu t t e , qui aurait été couronnée par la victoire, s’il y eût
eu un liommc v ertueux capable de la conduire. Les enfants dc
la république furent livrés à la potence ou aux tourments; cai-
on doit regarder comme tels les prisons oû on les enferma, et
cette conduite dura sans interruption jiendant les trois ans que
l’ennemi resta maître du Chili.
. Une expédition, préparée à Buenos-Ayres pour la délivrance
du Ch ili, vainquit les Espagnols dans la province de
Santiago ; et elle aurait pu sauver, sans jieine aucu ne , cette province
, s i , par m a lh eu r , ceux qu’on nous a signalés comme les
grands hommes de la ré vo lu tion, et q u i, pour comjdéter nos
maux, ont eu le commandement des armées, n’eussent conçu
l’horrible jilan de conserver toujours la guerre sur notre territo
ire , Jiour trouv er toujours des motifs de disposer de la force
qui devait les maintenir dans leurs emplois et leur assurer la
domination absolue à laquelle ils aspiraient, A'oilà jiourcjuoi
cette province n ’a pas été immédiatement occiqiée après l ’affaire
de M aypü , et jiourquoi l’on a laissé écouler une année sans
le fa ire , année jieiidant laquelle l’ennemi fu t à même de réunir
(juelques faibles fo r c e s , que ne voulut point ensuite détruire le
général B alcarce. Voilà pourquoi l ’on n’a pas accordé les secours
nécessaires à la petite division qu’on laissa sous les ordres du
général F r e ir e , l'empcchant ainsi d'en finir avec celle que lui
ojijiosait le scélérat Benavidez, et le mettant dans l’obligation
d’exiger jiour sa subsistance des secours de notre pays, qui jié-
rissait de misère, et dont, jiar ce moyen, il empirait les malheurs
jnsfju’au dernier terme du désespoir. Voilà pourquoi aussi l’on
n’a point voulu distraire de la capitale une force respectable
(jui y a toujours existé, et qui aurait été plus que suffisante pour
terminer la guerre. V o ilà jiourquoi encore l ’on a laissé grossir
les ennemis chez les Indiens barbares , regardant d'un oeil d’iu-
dii’féiience nos sacrifices et notre sang jirodigué jiar torrents,
surtout durant les quatre dernières années de cette guerre
a tro c e , laissant même sans récompense les meilleurs services
rendus à la patrie. Voilà jiourquoi enfin ou a laissé impunis
dans la capitale les plus grands crimes contre cette même patrie,
et poni’ipioi il s’est déclaré ouvertement im parti d’opposition à
nos droits et à nos intérêts respectifs.
« D’autre jia r t, la nullité qui a caractérisé tous les actes du