Oçiobre << sort (ilus lieLircux, v int ranimer nos coeurs long-temps flétris
« par la misère ; vaine espérance! Le monarque soupirait après
« la terre d’Europe. An moindre bruit d’une révolution qui lui
<c a fait craindre la perte du P o r tu g a l, il nous a abandonnés, il
« a ju'éféré un petit ro y aum e , à l ’empire immense qui couvre
« la majeure partie dn N ou veau -M on d e . Cependant son fils,
« q u ’il nous laissa comme un gage de son a ffe c tion, réunit
« tous nos voeux; il était notre dernier espoir. Les eortès s’étant
« assemblées à Lisb on n e , nous fûmes autorisés à y envoyer
« des députés nous ne tardâmes jias à ajiprendre que nous
« étions sacrifiés. Ou voulait nous faire redescendre a 1 humble
« rang de colonies; mais il n’était jilus tenijis ; nous étions bien
« décidés à maintenir l ’indépendance du Brésil. Le prince lui-
« même favorisa nos voeux; et n’ayant jiu vaincre la résistance
« de son jiè re , cjiie l ’influence des eortès avait rendue inébraii-
« la b le , il ne balança point à se mettre à la tête de ses dévoués
« Brésiliens. L a ré volution qui v ien t de s’opérer a eu lieu dans
« toute la jirovince de Santa-Catliarina sans la moindre effusion
« de sang ; to u s , nous ne formons cju’un seul jiarti. Les eortès
« v eulent nous réd u ire ; elles le tenteront p e u t-ê tr e ; mais
« quelles forces peuvent-elles envoyer contre n o u s , que nos mi-
« lices ne repoussent à l ’instant? Q u o i qu’il en so it, nous avons
« ju ré de mour ir plutôt que de nous soumettre ; nous avons
« pour ch e f un prince du sang ro y a l, dont la mission est de
« régn e r sur une nation indépendante. »
Ces idées, cet enthousiasme, étaient partagés par toute la
population des v ille s , dont les têtes exaltées ne rêvaient q u é-
mancipation. Il n’en était pas de même des habitants des campagnes,
habitués à vivre tranquilles dans leurs chaumières,
étrangers aux bruyantes positions politiques. Ces événements
leur paraissaient des innovations d’autant plus dangereuses,
q u ’elles menaçaient leur vie paisible. Ce b ru it soudain d esclavage
et de lib e r té , d’envahissement et de défense, d’a rmes, de.
soldats amis, d’ennemis ir r ité s , en ne leur laissant entrevoir
qu’un avenir de troubles et de désordres, les avait profondément
consternés; mais en même temps il avait fait naître dans leur
coeur une haine salutaire contre la m é tro p o le , q u ’on leur signalait
comme le fo ye r de toutes les divisions, comme la source
de tous les maux; et tout concourait à les ra llier à la cause commune.
Chose singulière! les m u lâ tre s , les noirs lib re s , étaient
possédés de craintes sem blable s, et éprouvaient u ii'p a re il sentiment.
Les esclaves eux-mêmes, lo in de s éveiller au cri de 1 indépendance,
loin d’y voir f aurore de leur émancijaation, étaient
saisis d’épouvante e t , j d u s inquiets que leurs maîtres, semblaient
ne rien tant redouter que la j>erte de leur servile rcjtos. T e lle ment
la puissance de l ’h abitude laisse de profondes racines chez
tous les êtres qui regardent le moindre changement comme
une violence!
Cette disjjosition des esjirits, qui nous frapjiait lorsque nous
jiarcourions les environs de S an ta -C a th a r in a , ne présageait
qu’une faible résistance de la part de cette province en cas d’attaque
; et nous sommes persuadés que la jdus petite escadre
aurait suffi jiour la réduire à la métrojiolc. Mais celle-ci était
imjiuissante, et ses décrets menaçants, jirivés de la p jiu i de la
fo r c e , n’avaient traversé l ’Océan que pour hâter l ’heure de
rindéjiendance, dont le jiremier coup avait retenti dès 1 instant
que Jean V I s’était décidé à retourner en P o r tu g a l; et d n ’en
pouvait être autrement, entouré qu’était le Brésil d’états émancipés,
livrés depuis nombre d’années à toutes les agitations du
libéralisme. Les diverses transformations de gouvernement qui
ont tour-à-tour bouleversé les colonies espagnoles, aujourd hui
encore agitées jiar des factions ambitieuses, avaient dû résonner
jnsciu’au'fond des forêts b ré silienne s, et y faire germer l ’amour