soit |>as l'ouvrage des hommes. Ces sortes de remparts naturels,
jdus communs sur les hauteurs, ont d ordinaire quatre et cinq
jdeds d’élévation au-dessus du terrain en vironn an t, et leu r formation
me semble assez difficile à expliquer. Du re ste , il est
certain que les chevaux y trouvent un abri lavorable contre les
vents; el si ces accidents du sol n’étaient pas aussi fréquents, je
croirais volontiers qu’on doit les a ttr ibu e ra ces animaux. De nombreux
ruisseaux, d’une eau fraîche et p u re , jiarcourcnt en tous
sens la surface de ces lies, e l leurs b o rd s , quoique marécageux
et cédant facilement sous les pieds, sont couverts d’une végétation
si active e l si serrée, que presque nulle part on n’aperçoit
la surface du sol. On reneontre de beaux lacs dans les jdaines,
on trouve de jolis réservoirs jusque sur le sommet des montagnes.
Partout les eaux se présentent fréquemment et avec
Mxmdauce; mais la jilupart des jdantes sont résineuses, on revêtues
d’uii vernis luisant qui les défend contre les effets d’une
troj) grande bumidité. La constitution sèclie de ces végétaux
me fut prouvée par la (acilité que j'eus à I C l Ll l l VZ L«. r V, -X. -J les 1p r1éj ia re r,' m. -al'g
le froid et les [duics qui ne cessèrent de régner durant tout le
temps que nous fûmes en cc mouillage. »
Cette couche de tourbe épaisse qui recouvre partout le terra
in , et sur laquelle la végétation du pays se développe avec
une étonnante a ctivité, semble ujiposer un obstacle invincible
à la projiagation des plantes exotiques; car l ’on ne rencontre jias
le moindre vestige de celles apportées jiar les derniers colons.
Nul doute que les vents imjiétueux, tjui soufflent annuellement
sur cette contrée tontes les intempéries des hivers, n’en soient
la cause prépondérante ; en e lfe t. Ion volt encore prés de 1 é-
tablissemcnt du Port-Louis la terre végétale que les Esjiagnols
transjiortèrent de Rio de la P la ta , et elle est aussi dépoudlée
que les rochers du rivage. M. Lesson, à notre a rriv ée, s’cm-
jiressa d’y jeter (¡uelques semences; et le jou r de notre départ.
PARTI E HI S TORIQUE , CHAP. Y l l l . i i 3
un mois après, elles bourgeonnaient à peine. Il est jirobable
(ju’elles auront eu le même sort que les graines semées par
M. Gaudichaud. Ce botaniste in fa tigab le, au milieu des travaux
immenses que lu i imposa le désastre de l’expédition de
jiour le sauvetage et la conservation de sa rlclie collection,
excité par son caractère éminemment philaiitropicjue, s’était
encore occupé de confier au terrain de ces rives inhospitalières
le peu de semences qu’il avait sauvées du naufrage avec ses objets
les plus précieux; mais la providence n’a pas voulu cjue ses
efforts fussent couronnés du succès unique qu’il ait ambitionné:
nous le disons avec r e g r e t , nous n’avons re trou v é, lors
du passage de la Coquille, aucune trace des plantes q u ’avec tant
de jieine il avait voulu faire naître sous ce ciel rigoureux.
Si la nature a refusé à cette contrée les végétaux essentiellement
propres à la nourriture de l’espèce humaine, elle l’a du
moins dotée avec uue sorte de luxe en graminées, qui offrent
aux animaux des pâturages abondants. Aussi, colons heureux
de cette terre déserte, les ch e v a u x , les boeufs, les cochons et les
lapins déjà réjiaiidus en tribus nombreuses, multiplient d’une
manière rapide au milieu de cette multitude d’oiseaux de différentes
espèces qui cou vrent, pour ainsi dire, la surface du sol;
de ces légions d’o ie s , de canards, d’huîtriers, de cormorans, d’hirondelles
, de bécassines, de vanneaux , qui prennent leurs
ébats sur le gazon des p ra ir ie s , dans les étangs ou sur les bords
rocailleux d ’une multitude de criques; de ces peuplades innombrables
de manchots q u i, tous les soirs, du fond des habitations
souterraines qu’ils se creusent sur les îlots ou sur les
grèves des anses abritées, fout retentir de leurs c r i s , parfaitement
semblable au braiement des â n e s , les rives solitaires et
les eaux silencieuses de la vaste baie Française. Il est triste de
penser que la vie de tous ces animaux s’écoulerait [laisible et
sans trouble, si l ’homme, armé contre tou t ce qui respire, ne