.»s'wsp-ieFwr
Orlohre
1822.
VOYAGE AUTOUR Dü MONDE.
CHAPITRE IV.
S É JO U R A L T L E S A N T A - C A T H A R I N A .
Ue 1 5, nous vîmes se dissiper les brunies au milieu desquelles
nous avions navigué ju sq u ’alors. T rente-huit ou quarante lieues
nous restaient à pa rcourir sur le parallèle de Santa-Catharina,
et les vents de la partie de l’E st, qui ne nous avaient point
encore quittés, quoique nous eussions dépassé de plusieurs
deo-rés le tro p iq u e , cédèrent enfin aux brises de Nord, qui,
pendant la durée de l ’é t é , c’est-à-dire de septembre en m a r s ,
soufflent le lon g des côtes septentrionales du Brésil. A cette
distance, le plomb de sonde fut vainement plongé à deux cents
brasses de profondeur. Ce ue fu t que le i6 , au |ioint du jour,
q u ’il nous donna des signes certains du voisinage de la terre.
Nous trouvâmes d'abord un fond de sable gris et de coquilles
lu-isées par quatre-vingt-sept brasses; mais nous eûmes ensuite,
jiar soixante-trois, la première indication du banc de vase, qui
monte graduellement vers la côte, et se déploie dans tous les
liras de mer, où il offre d’excellents mouillages. Vers huit heures,
en e ffet, le ciel étant d ég ag é , l ’horizon assez clair, nous aperçûmes
nie S au ta -C a th a r inè Contrariés par la b r ise , nous ne
pûmes nous diriger de suite vers la b a ie , au-dessous de laquelle
nous avions été portés par les courants du la r g e , qui ne changèrent
de direction que. lorsque nous fûmes rendus à sept ou
huit milles du rivag e. T o ute fo is , le v ent s’étab lit, dans l’après-
midi, au N .N .E ., ce qui nous permit de gouverner d’abord sur
la petite île Arvoredo, qui se trouve à l’entrée du canal formé
par f ile et le con tin ent, et de nous avancer ensuite dans la passe,
en doublant la pointe Bapa que nous rangeâmes de très-près.
La viie alors sc promenait agréablement sur les forêts
épaisses qui couvrent l ’ile Santa-Catharina et toute la partie
du continent qui l’avoisine. Sur les cimes des mornes comme
sur les flancs des montagnes, dans le fond dos vallées et sur
les bords de la mer, s’élevaient des v égétaux superbes, formant
le tableau le plus imposant et le plus pittoresque que
puisse offrir la nature dans son état sauvage. Les sassafras
ou laur ie rs, les cèdres, les oran g e rs, les |)alétuviers, les bananiers,
e tc ., brillaient par leur port et leur r ich e feuillage; les
tètes touffues des palmiers, balancées par Je v ent au-dessus des
liois qui cachaient leurs tron c s , arrêtaient parfois nos regards,
ipii se re|)Osaient toujours avec un nouveau plaisir sur ces bou-
(juets verdoyants, semés en quelque sorte dans le fond azuré
de la voi’ite céleste.
Les hautes montagnes (pû couronnent toute la. terre ferme
depuis Santos ju sq u ’à To rrès se développaient, dans le lointain,
sous l'apparence d’une couleur bleuâtre que reflétait la teinte
du ciel. Le mont BahuI, dont la forme singulière est une
bonne remarque jiour les nav igateurs, et celui de Camberella,
t|ui domine toute la cô te , présentaient leurs sommets au-
dessus de vastes nuages ([ui embrassaient le faite des monls
environnants. Ces masses de nuées, s'étendant jieu â ])c.u,
finirent par se |)récipitcr en une brume légère qui rouvrit
bientôt tout le r iv a g e , dont nous approchions poussés par un
vent favorable, et d’oii nous voyions surgir partout des massifs
de v erdu re , des bois épais, une végétation enfin digne de
l’épithète de luxuriante, que tous les botanistes modernes s’accordent
a donner au sol dn Brésil, pour en peindre l’extraordinaire
fécondité. Beaucoup de frégates planaient au-dessus
Voyage de la CoijuUle. Pa rt , hist. j
? ¡1