Décombre
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, o 4 V O Y A G E A U T O U R D ü M O N D E ,
abandonnèrent aussitôt que les premiers troubles de Buenos-
Ayres éclatèrent. Ils n’avaient considéré ce point que comme
un poste militaire t(u’ils ne devaient garder qu’autant que quel-
(|ue [iLiissance maritime conserverait l ’espérance d’y fonder un
établissement. Aussi ue songèrent-ils point à donner de l ’extension
à leur colonie; et si les gouverneurs q u ’ils y envoyèrent
firent quelques efforts jîour y transplanter des plantes u t ile s ,
ce fut p lu tôt daus un esprit d’économie particulière que dans
un but vraiment philantropique. Les divers plants d’arbres
qu’ils transportèrent de la T e r re de F eu ne réussirent poin t, soit
(pie l’on doive eu attr ibuer la cause au terrain tourbeux de ces
iles balayé par des vents d’une violence extrême, soit que l’apathie
naturelle au caractère espagnol ait fait nég lig e r aux
colons les soins pénibles et minutieux de l ’agriculture. Un climat
froid et humide, p eu propre au développement de leurs feeultés,
devait leur rendre un tel séjour insupportable ‘ . Les infructueuses
tentatives de colonisation que les Espagnols ont faites
au détroit de Magellan prouvent assez que les latitudes élevées
lie leur conviennent point. Ainsi le peu de succès obtenu par
cette nation sur les rives des Malouines, ne doit pas être considéré
comme une preuve irrévocable de l ’impossibilité d’y fonder
un établissement durable.
Au moment où les anciennes colonies espagnoles et portugaises
de l ’Amérique s’élancent dans la carrière de la civilisa-
' Dans sa description de la Patagonie et des îles Falkand, Falkner rapporte qu’après
la cession des iles Malouines par la France, les Espagnols conduisirent
avec leurs colons deux frères franciscains et un gouverneur q u i, à la vue de cet
établissement, furent pénétrés de chagrin; et que le gouverneur lui-même, le co lonel
Gatanl, en voyant avec douleur le s vaisseaux sur lesquels il était venu retourner
à Buenos-Ayres , déclara qu’il s’estimerait heureux de pouvoir s’éloigner
de ce pays misérable, d û t - il perdre son emploi, d û t - i l être réduit à celui de
mousse.
tion avec le vol rapide du génie de la lib e r té , il n ’est pas inutile uiccn.bre
de remarquer que les relations commerciales vont s’étendre
pomptemcnt entre les divers [leuples du Nouveau-Monde ; et
dès-lors la route par mer étant la plus directe pour les communications
qui s’établiront entre les côtes orientale et occidentale,
les Malouines, de même que la Te r re des Etats, doivent
devenir des points de relâche aussi nécessaires que l ’était Sainte-
Hélène aux Angla is avant q ü ’ils possédassent l’île cle France
et le cap de Bonne-Espérance. Ainsi c[ue ce rocher fameu x , elles
seraient également un b oulevard, d’où la puissance maritime
qui le posséderait commanderait au commerce des nations du
continent. Bou g a inv ille , lorscpi’il jeta le premier les fondements
d’une colonie à la baie F ran ça ise , voyait sans doute dans l’avenir
tout le parti que la France pourrait tire r de ce point pour
l’extension de son commerce ; et la pêche des phocjues, qui occupait
les premiers colons, ne devait être qu’un acheminement à
de plus liantes destinées.
Nous savons que l ’on objectera toujours contre la fondation
d'un établissement sur ces ile s, d’abord l’impossibilité d’y trou ver
l’entretien des co lon s , et ensuite l ’extrême éloignement de
la métropole. Mais doit-on réellement s’arrêter à de semblables
considérations lorsqu’il s’agit du commerce maritime ? I,a première
des choses à voir, c’est s’il serait vraiment utile de posséder
un point de relâche à l ’extrémité méridionale du continent
de l ’Am é r iq ue , daus l’intérêt de notre marine marchande; et si
cette utilité est re con n u e , il ne doit y avoir rien d’impossible à
la volonté ferme d’un gouvernement éclairé. L ’An gle te rre ba-
lança-t-elle de s’établir sur le roch er de Sainte-Hélène, d’où elle
s’est élancée sur le eap de Bonne-Espérance? Dans la crainte
que l’on ne fi'it tenté de la suivre dans une semblable c a r r iè r e ,
ne vient-elle pas d’o ccuper tout récemment l’ile de l ’A s c en s ion ,
plus aride que la précédente? Si les Portugais n ’avaient pas