Octo b re
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« eut tant de peine à l ’arracher. Rappelé sans cesse par ses
« besoins vers le coffre dont il ne pouvait se séparer, l ’infortuné
« subissait un des inconvénients de la propriété. »
En nous éloignant des îlots M artin-Vaz et de la T r in id a d , non s
avions le projet de nous rendre directement aux iles Malouines
pour doubler ensuite le cap Horn. Mais les traversins des hunes
ayant été romjius, ce genre d’avarie qu’il fallait réparer le
plus tô t possible nous fit prendre la résolution de nous arrêter
à l ’ile Santa-Catharina. Cette nouvelle direction nous écartait
peu de la première ; et la relâche sur ce point de la côte du
Brésil nous offrait le double avantage de nous procurer le bois
indispensable p ou r la réjiaration de la m â tu re , avec les ra fra îchissements
qui nous étaient nécessaires, et que la fertilité de
cette partie du continent de l ’Amérique nous donnait la c e r titude
de trou v er en abondance, ainsi qu’à bon marché.
Excepté à quelques degrés des deux côtés de la ligne équinoxiale,
où nous avions eu des grains de pluie et u n temps
co u v e r t, un ciel clair, un v ent doux et une mer unie nous
avaient toujours accompagnés ju sq u ’à l ’attérage de la Trinidad;
mais dès que nous eûmes dépassé les limites de cette ile , la
scène changea tout-à-coup. Une forte houle du Sud, semblable
à celle que l’on remarque d’ordinaire sur les hauts-fonds, nous
ballotta journellement. Les coups de tangage furent même si
violents le 7 o c to b re , que la pensée nous vint d ’essayer la sonde :
cent trente brasses de lignes furent filées en vain. I,e ciel, devenu
n éb u leu x , présentait à l ’horizon des grains qui en occupaient
sans cesse le pourtour. Les vents soufflèrent médiocrem
ent, et furent très-variables du N .E . au S. O.; ils ne se fixèrent
à l ’E. et au S.E. que le 8, époque à laquelle il nous restait
encore une ving taine de lieues pour atteindre le tropique du
capricorne. Lorsque les vents généraux furent r é ta b lis , l ’état de
l’atmosphère ne changea p o in t, et une brume pénétrante, des
nuages n oirs, qui arrêtaient les rayons solaires, des nuits ordinairement
sombres et pluvieuses, nous suivirent ju sq u ’aux
aijproches de la côte du Brésil. Bien des navigateurs ont observé
ce changement subit dans l ’état du ciel et de la mer, en quittant
l ’île de la Tr in idad, qui semble placée là comme une colonne
océanienne, q u e la nature aurait élevée pour marquer la limite
de deux zones différentes.