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,78 V O Y A G E A U T O U R 1) U iMONDE.
Fusillades des insurgeiitsréfugiés dans les tem p le sd eR an ca gu a ,
la profanation des églises par les soldats, la mort de n euf créoles
assassinés dans les prisons sous jirétexte d'une feinte conspir
a tio n , la dévastation du pays depuis Ta lcahuano jusqu à
San tia go , enfin la déportation à f i le de Juan-Fernandez des
meilleurs citoyens q u i , pour se soustraire à la vengeance du
vaintiueur, n’avaient trouvé d’autre refuge que les réduits des
forêts.
Les proscriptions, les épurations qui eurent lieu sous l ’adiiii-
nistration d’Osorio et de ses successeurs atteignirent toutes les
familles chiliennes. Les débris de l’armée jiatriote errèrent dans
les b o is , et y formèrent des bandes qui inquiétèrent les habitants
paisibles au nom de la liberté. Ces bandes se grossirent de
tous les mécontents, et allèrent se rallier à l’armée que le g é néral
San Martin réunissait à Mendoza.
Si les chefs espagnols avaient été doués encore d’uue parcelle
de l’ardente activité e l de la bravoure chevaleresque des anciens
conquérants, cette armée n'aurait jamais traversé les Andes,
ou y aurait trouvé son tombeau. Par une négligence impardonnable
, ils ne songèrent même pas à faire garder les passes de
Planchón, de Putaendo, de Cuevas et celle de T a v o n , par lesquelles
l ’armée de San Martin devait nécessajrement passer pour
envahir le Chili. Le général M a rco , trop confiant dans ses
fo r c e s , ne pr it même pas la peine de garder la passe de Cuesta,
et attendit l’armée patriote dans les plaines de Chacahuco, où il
prit honteusement la fuite à la première charge de la cavalerie
emiemic. Cette victoire conduisit San M artin jusqu’à Santiago,
où il entra le i 5 février 18 17 . Le général O ’H iggins fut alors
nommé Directeur suprême; e t , dès ce m om en t, l’indépendance
comjilete du Chili fut d éc laré e , et une constitution provisoire
fut solennellement promise pour le mois d a vril prochain.
A la nouvelle de la défaite de Ch a cah uco, le vice-roi du
PARTI E HI STORIQUE, CII.AP. XI. ,7g
Pérou s’empressa d’envoyer des renforts la Co nc ep c ion , et
confia de nouveau le commandement de l’armée royaliste au
général Osorio. Celui-ci reprit aussitôt l’offensive, et, le 19 mars
18 18 , surprit les troupes patriotes sous le commandement
d’O ’Higglns, dans leur camj) à Caiichayarada, et les défit entièrement
en leur faisant éprouver une perte considérable.
Le général Osorio s’avancait victorieux vers Santiago, où
San Martin rallia it, sans espoir de succès, ses réserves et les
fuyards échappés à la défaite de Canchayarada. Mais alors que
le Chili paraissait ne devoir plus échapper au jo u g de l’autorité
e spagnole, soutenue ]iar une armée aguerrie composée des
meilleures troupes de la péninsule, qui venait de disperser la
plus forte armée (jiie les insurgés eussent jamais mise sur pied,
la Providence voidut que les troupes patriotes battues et découragées
, ralliées par les soins de San Martin, taillassent eu
pièces, le 5 avril 18 18 , dans la plaine de M a yp ù , non loin de
San tia go , les lis|)agnols vaimjueurs. La victoire fut tellement
complète que de 5 ,ooo homm e s, dont se composait l’armée
du général O so r io , il n’é chapp a, d’après la gazette ministérielle
du C h ili, que 5o soldais. Les autres furent tous tu é s ,
blessés ou prisonniers. Les deux armées formaient un total
d’un peu plus de 10,000 combattants; e t, après l ’a c tion , ou
com|)ta sur le champ de bataille plus dc 3,000 cadavres. La
journée de Maypù a dans les fastes militaires chiliens sou
jo u r anniversaire ; c l , pour donner une idée dc la gloire dont se
couvr it l’armée patriote dans cette affaire déc isive , leurs officiers
la com p a r en t, proportion gardée du nombre des combattants,
à la fameuse bataille d’Austerlitz si célèbre dans les annales
de nos Oguerriers.
Dès ce moment le Chili fut perdu pour l’Lspagne et avec lui
ses autres possessions du eontiiicut. Le général Osorio vint
s’embarquer à Talcahuano et se sauva au Pérou. O’H iggins
Voyage de la Coquille. — Part. hist.
F é v rie r
1823.