lieu de la province de Santa-Calliarina. M. d'Urville se chargea
d’annoncer an gouverneur l’arrivée de la co rv e tte, e lle s motifs
de sa relâche ; il fut accoraiiagné de MM. de Blossevdle, Gabert
et Garnot.
Ces messieurs partirent en canot ptir un temps sujterbc. Ils
côtoyèrent f ile dos R a tone s , attirés par le chant d’une multitude
d’oiseaux à plumage varié des plus belles cou leu rs, vo ltigeant
au milieu des bois ijui la couronnent. On y remarqua un
ïortin qui tombe en ruine. I æs navires dn pays y tout leur
bois de ch au ffag e , et l’on y rencontre des serpents très-veni-
meiix. Après avoir laissé derrière eux d’autres Ilots parés
comme le iiremier d’uuc belle vég étation, et passé auprès de
plusieurs rochers à fleur d’eau, ils reconnurent la pointe derrière
laquelle s’élève la ville ]irinci]iale ; et fatigués de vo y ag e r par
mer, ils allèrent aborder dans une criqu e , formée par cette
pointe au pied d’une petite lia tter ie, dont les murs crevassés de
toute p a r t , et douze canons rongés par la rou ille, attestaient
fin soucia iice du gouvernement ¡lortiigais. En su iv a iitu u sentier
à travers la canijiagn e, ils tombèrent dans une grande route
bordée de jolies maisons et de haies de ban anier s, d’orangers
et de rosiers en fleurs, par laquelle ils arrivèrent à la ville.
Ils lie tardèrent pas à avoir une connaissance détaillée des
circonstances qui avaient provoqué la déclaration de l’indépendance
du Bré sil, et ils apprirent que le gouvernement d e là
province était confié à une ju n te provisoire, composée de cinq
ineinbres, qui se trouvaient réunis an moment de leur arrivée.
Ils y furent conduits par un capitaine d’infante rie, qui les-introduisit
lui-même dans la salle où la junte tenait ses séances.
M. Gab er t interpréta au président l'objet de notre re lâ ch e, et
M. d’Urville présenta en m ême temjis la lettre du ro id e P or tugal,
qui prescrivait de nous por ter secours dans tous les états soumis
à sa couronne. Alors le secrétaire d e là ju n te , M. le major
M afra , ([ui s’énoncait très-bien dans notre lan gue, la reçut du
lircsident, et en fit lecture aux membres. M. Mafra avait été
employé à C a y c iiu e , où il se trouvait lors de la reddition de
cette colonie à la France, et oii il avait connu plusieurs officiers
de la marine française, dont il demanda des nouvelles. 11
avait été déjiuté de la province aux eortès dn P o r tu g a l, et ce
titi-e hù donnait sur la junte un ascendant q u ’il eaeliait assez
peu; dans son enthousiasme pour fin d ép en d an c c , il avait oublié
la réserve jiortugaise. Cependant nos demandes furent
prises en considération, l.a ju n te autorisa l ’intendant de la
marine à nous fournir les jiièces de bois nécessaires â nos réjia-
rafions; elle donna des ordres pour (|u’il nous fût permis de
couper du bois â b rider sur l’ile dos Ra tones , et elle écrivit an
commandant du fort de S a n ta -C ru z de faciliter de tous ses
moyens fe x é eu tion de nos travaux scientifiques. Dans une
lettre qui nous fut adressée, le i 5 o c tob re , par le secrétaire, la
junte s’exprimait ainsi :
«Le gouvernement n’a fait que son devoir en vous autoii-
c( saut â faire les reclierehes et les observations qui vous sont
« prescrites, et eu vous faisant fournir cc dont vous avez be-
« soin; il est au contraire peiné de ce qu’il ne lu i a pas été pos-
ic silile de vous donner des marques plus signalées de la pro-
<1 tection qui doit être accordée aux expéditions dn genre de
« celle que vous commandez. »
M. l ’intendant de la marine nous donna une jireuve de son
obligeance pa r ticu liè re , par la promjititude qu’il mit à nous
faire expédier un b illet de délivrance pou r le garde-magasin du
village de Sara-Miguel, en y jo ign a n t une lettre expresse pour
laisser à notre maître charpentier le choix des pièces de bois
jiropres â confectionner les deux traversins de hune qu’il nous
fallait remplacer.
M. Gabert fut ensuite présenté aux premiers négociants de
Oflobcp
I822.