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 1822. 
 8-j  VOYAGE   A U T O U R   DU  MON DE . 
 M.  de  F r e y d n e t ,  eu  c|uittaut Monte-Video  pour  aller  a  Rio-Ja-  
 n ciro,  nous  avons  eu  occasion,  n o u s -m êm e ,  de  reconnaître  
 ([lie  le   cours  de  ce  fleuve  éprouve  encore,  à  lo o   lieues  dans  
 l’E .S .E .  de  cette  v ille ,  une  vitesse  de  deux  milles  et  demi  a  
 rh e iir c ’,  d’où  il  était  facile  de  conclure  que  ce  courant  devait  
 s’étendre  beaucoup  plus  loin.  C ’est  pour  ajouter  de  nouveaux  
 documents  à  uii  fait  qui  nous  a  paru  digne  de  l ’attention  des  
 |)hysiciens  et  des  n avigateurs,  ([lie  nous  avons,  en  traversant  
 ces  pa rages,  tracé  une  route  autour  de  1 embouchure  du  Rio  
 de  la  P la te , mais  beaucoup  plus  au  large  que  celles  qui  avaient  
 été  parcourues  par M.  de  Freycinet.  Dans  cette partie  de  notre  
 n avigation,  la  direction  S .O .  des  courants  a  été  constante  
 depuis Santa-Catliarina  jusqu’aux  îles  Malouines,  a  1  excepton  
 de  deux  points,  où  nous  avons  trouvé  des  courants  opposés  
 évidemment  dus  au  cours  du  Rio de  la  P la ta ;  car  nous  étions  il  
 i8 o   lieues d an s l’E .N.E.  de Maldonado, lorsque nous  avons rencontré  
 un  courant  E .N .E .  d’un demi-mille  de  vitesse  à  l ’h eure,  
 et  à  i 4o  lieues  au S . S . E. diicap Sau-Aiitoiiio,  quand nous avons  
 reconnu  un  autre  courant  S. E.  de  deux milles  à  l’heure.  Cette  
 observation  nous  a  conduit  à  ce  résulta t,  que  les  eaux  du  Rio  
 (le  la  Pla ta,  tout  en  suivant  leur dérivation naturelle,  pressées  
 au  large  par  les  courants  de  l’O céan,  sont  con tra inte s,  a  une  
 certaine  distance,  de  se  diviser  en  deux  branches,  qui  s’étendent  
 précisément  dans  la  direction  prolongée  des  deux  côtes  
 qui  forment  les rives  de  l ’embouchure  du  fleuve.  _ 
 Les  navigateurs  qui  ont  donné  le  plus  de détails  sur  le cours  
 du  Rio   de  la  Plata  s’accordent  à  dire  ([ue,  to u jo u r s ,  après  les  
 coups  de  vent  de  S .E .  ou  de  S .O .,  qui  sont  fré(pients  dans  ces  
 jiarages,  les  eaux  refoulées  dans  le  fleuve  se  portent  en  masse  
 sur  la  rive  du  nord,  où  il  s’étab lit,  dans  cette  circonstance,  un  
 courant  très-rapide,  lequel  prend  la  direction  du  large  en  suivant  
 l’impulsion  qu’il  reçoit  du  contour  de  la  côte.  C ’est  ce 
 même  courant  que  nous  avons  reconnu  dans  l’E. N. E.  de  Mal-  
 donado,  et  dont  nous  n’aurions  probablement  [>as  ressenti  l’influ 
 en ce ,  si  la  veille  nous  n’avions  éprouvé  un  pampero.  Ainsi  
 nous croy ons  être en droit  de  dire  f[ue  des  deux  courants du Rio  
 de  la   Plata,  (jue  nous  avons  traversés  au  la rg e ,  celui  que  nous  
 avons  eu  au  S. S .E .  du  cap  San-Antouio,  est  le  seul  qui  soit  le  
 résultat  de  la  dérivation  naturelle  de  ce  fleuve.  D’après  nos  observations, 
   ce  courant  ne  doit  pas  avoir  moins  de  3o  lieues  de  
 largeur,  et  il  doit même  s’étendre  encore  beaucoup  au-delà  de  
 la distance  de  la  côte  oii  nous  l’avons  rencontré. 
 L ’existence  du  courant  E. N. E.  ne  nous  a  été  sensible  que  
 par  la  comparaison  du  résultat des  observations  astronomiques  
 avec  l ’estime  de  la  ro u te ;  mais  celle  du  courant  S. S .E .,  que  
 nous regardons comme produit par  l ’impulsion  permanente  des  
 eaux  du  Rio   de  la  Pla ta,  s’est  manifestée,  en  outre  de  cette  
 certitude,  par  des  signes  qui  accompagnent  ordinairement  ce  
 phénomène  :  son  opposition  avec  les  courants  de  l’O.  dessinait,  
 à  la  surface  de  la mer,  dans  la  direction  du  S. S. O.  au N. N. E.,  
 une  zone  clapoteuse  qui  semblait  être  la  limite  de  deux  régions  
 différentes,  et  qui  était  couverte  d’énormes  paquets  de  fucus  
 parmi  lesquels  M.  d’U rville   reconnut  la  laminaria  pyrifera.  
 Divers  oiseaux  pélagiens,  formant  autour  de  la  corvette  un  
 cortège  plus  nombreux  que  de  co u tum e ,  suivaient  le  cours  de  
 cette  zone,  où  ils  trouvaient  sans  doute  une  pâture  abondante  
 dans  les  débris  de  végétaux  et  d ’animaux  qui  y   étaient  accumulés. 
 Nous  ne  terminerons  pas  ce  sujet  sans  faire  encore  une  remarque  
 (pie  ceux  qui  nous  suivront  chercheront  peut-être  â  
 vérifier  ;  c’est  que  les  résidus  terreux  renfermés  dans  les  eaux  
 du  Rio  (le  la  P la ta ,  tenus  en  suspension  jiar  le  cours  rapide  
 du  fleuve  (¡ui  les  transporte  au  la rg e ,  précipités  au  fur  et  à  
 mesure du  ralentissement  [irogressif des  e a u x ,  et  sans  cesse  re- 
 Voyage  de  la  CoqtdUe. —  'Sh^y.  bist.  IT*