[loussa ses recherches ju sq u ’au sommet du mont Chàtellux. Les
observations curieuses que lui fournit cette course fa tig an te , el
qu’il a consignées dans un mémoire intitulé ; Flore des îles Malouines',
donnent une idée si exacte des productions végétales
([ui tapissent le terrain de cette terre australe , que nous croyons
devoir les reproduire ici.
c< Après avoir pa rcouru, dit-il, sur différents points les alentours
de la baie França ise , et a v o ir , pour ainsi dire, épuisé la
flore de ces lie u x , jalou x de profiter de la longue relâche ([ne
nous faisions pour offrir un tra va il à-peu-près complet en b otaniqu
e , malgré la rigueu r du climat, malgré la difficulté des
chemins et le défaut de toute espèce d’a b r i, je voulus explorer
une partie de l’ile , et surtout quelque point d’une bauteur remarquable.
Le mont C h à te llu x , situé dans l ’Ouest-Sud-Ouest
de notre mouillag e, et à 17 milles de distance en ligne droite,
me parut un lieu très-favorable pour remplir cette double condition.
Elevé de 585 mètres au-dessus du niveau de la m e r ,
c’est le point culminant de l’ile de la Soledad ou de Conti,
et il domine une vaste plaine sillonnée par de nombreux torrents
et morcelée par les bras immenses de la baie Marville.
Deux journées furent consacrées à cette excursion, dans laquelle
j ’eus pour compagnon M. Bé ra rd , frère du savant ch imiste
de ce n om, et chaque jo u r nous marchâmes environ durant
quinze heures de temps. On peut ju g e r que dans une
aussi longue course j ’eus l ’occasion de prendre une idée exacte
de la nature de l ’ile. Le résultat de mes observations fut, que la
végétation devenait d’autant moins variée qu’on s éloignait des
côtes, et surtout de celles qui offrent il la fois des dunes, des
marais et des rochers. Plus lo in , on traverse des milles entiers
d’un terrain presque uniquement couvert par les tapis serrés
‘ Mémoires de laSociété linnéenne de Paris, vol. IV , 1825.
des trois graminées ‘ les plus communes à l’ ile. Les gommiers
(b o la x j sont très-clair-semés, mais les cinq sous-arbrisseaux '
restent à peu près dans la même [iroportion. Aussitôt qn ’on
commence â s’élever, la flore devient plus r ich e , on rencontre
un plus grand nombre d’espèces. Au sommet même du mont
Ch à tellux, je retrouvai [iresque toutes celles que m’avaient
offertes les diverses stations inférieures. J’observerai seulement
que la plupart se trouvaient réduites â des dimensions deux ou
trois fois moindres ; le gommie r, au con tra ire, souvent fixé sur
ia roche absolument n u e , s’y montrait en touffes aussi robustes
([ue partout ailleurs. Cinq plantes seulement m'ont semblé
|)articulières aux hauteurs les plus considérables, savoir ; un
bel aspidium occupant les fentes des rochers, et qui, de sa
ressemblance avec une autre fougère unique en son g e n re , a
reçu le nom de mohrioides ; le curieux et bizarre nassauvia,
auquel j ’ai imposé le nom de serpens, et que j ’ai recueilli sur la
haute montagne au Sud de notre mouillag e n D et sur le Chàtellux :’
le cenomyce vermicularis, d’un blanc de n e ig e , dont les tiges
entrelacées et confusément étendues sur le sol semblent autant
de racines de gramen blanchies par l ’a ir ; enfin, deux autres
petites plantes croissant en touffes serrées, également remarquables
par leur stru c tu re , et qui se sont trouvées ê tr e , l'une,
le drapetes muscoides, déjà recueilli par Commerson sur les
bords du détroit, et décrit par M. de Lam a rck , et l’autre , une
espèce nouvelle de valeriana, cjue j ’a inommée sedifolia. Ces trois
dernières habitent exclusivement le sommet même du mont
Chàtellux. Une belle fougère, le lomaría magellanica{L. setigera,
Gand.), se rencontre rarement dans la plaine, mais elle tapisse
Festuca erecta, A rundo antárctica ei A . pilosa.
* Les Chiliotrichum amelloides, Empetrum rubrutn, Pernettia empetrifolia,
Baccharis tridentala QtMrrtus nummularia.
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