(le la libei-té. L ’insurrection de Feriiambuco n’en fut ([ue la
[iremière explosion : ses cendres éteintes se rallumèrent cjuel-
c[ues années plus tard à celle <jui éclata en Portugal dans la ville
d’O p o r to , et d’où sortirent jileiiies d’audace et d’espérance ces
eortès entlionsiastes dont l ’élévation fut aussi soudaine (jue la
clmte. Les bases de la con stitu tion , publiées par cette fameuse
a ssemblée, interprète de l ’aristocratie Insitaine, en éclairant
tout-à-coup les Brésiliens sur leurs véritables in té rê ts , devinrent
le flambeau (jui les guida vers f indépendance ; et le despotisme
d’une ma jorité d élirante , cjiii affectait d’invo(|uer la liberté a lors
jnèmc (((l’elle se jou a it des droits imprescriptibles du Brésil,
amena le prince dom Pedro à accepter le titre de défenseur
perpétuel de ce beau pa ys, ii lui accorder une assemblée constituante
et législative, à compléter enfin sa libéra tion, en le constituant
emp ire, en recevant le titre d’empereur que lui décernèrent
par acclamation toutes les provinces ; événement (jui
eut lieu le 12 o c to b re , c| uatre jours avant l’arrivée de Coÿiii/fe
au mouillag e de Santa-Catharina.
Depuis cette ép oqu e , le Brésil parait avoir consolidé son
indépendance; et la mort de Jean V I, en mettant la couronne
du Por tu g a l sur la tète de dom Pedro, a légitimé Pacte de
son émancipation, que la susceptibilité diplomatique aurait
pu contester. Cette ré v o lu tio n , q u i , opérée par la seule force
des circonstances, vient d’enter la liberté constitutionnelle
sur le sol b ré s ilien , où végète encore l ’esclavage, peut offrir un
vaste champ à la méditation des pub lieistes, jaloux de rechercher
tout ce qui doit contribuer au malheur ou à la félicité des
peuples. Ils pourront donner un tableau intéressant de l ’état de
la nation jiortugaise, à l’éjioque oii f immortel Cabrai découvrit
cette terre de promission, et, en examinant et pesant les causes
qui ont successivement élevé sa puissance, faire saillir avec plus
d’éclat celles qui ont entraîné sa décadence. Mais en remettant
sous les yeux des nations l ’expérience des siècles, comme
les prophètes ils tonneront dans le désert; et tels que les Juifs,
les rois et les sujets seront sourds à leurs oracles.
Ceux q u i, portant leur vue dans l’avenir, voudront jn’édire
les destinées du nouvel empire, .s’égareront sans d oute, s’ils
n’ont une connaissance parfaite des peuples qui le conqiosent,
et du caractère du prince et des grands qui se sont mis à la
tète de cette grande révolution. Dominer, diriger les passions
de castes qui se haïssent mutu e llemen t, et (¡ui, à leur premier
é v e il, se remueront pour s’élever les unes aux dépens des autres;
former une nation compacte de diverses races nées dans
la servitude; donner des lois solides à une semblable nation,
régénérer enfin un gouvernement miné ]>ar des siècles de co r ruption
et d’abus, c’est une tâche des plus difficiles, digne du
plus grand génie; c’est un des travaux d’H ercule, dont f exécution,
nue fois a chevée, couronnera le prince qui l’a entreprise
d’uue gloire im mo rte lle, cfun lustre nouveau pour l ’époque.
Mais, pour éviter les écueils nombreux qui sillonnent la route
des innovations politiques, [lour surmonter tous les obstacles,
dom Pedro a besoin de s’entourer d’un conseil formé de citoyens
instruits, éminemment ju s te s , de ces hommes ra re s,
qui font de la prospérité de l ’état le but unique de leur ambition.
Et cependant, dans un empire aussi étendu que le Brésil,
composé de castes aussi diverses, il est bien à craindre (¡ne
des divisions intestines ne s’élèvent, et que fomentées par les
ennemis du d eh o rs , elles n ’entraînent le morcellement des provinces
, qui se trouveraient dès-lors livrées à la merci de quelques
factieux.
Le prince ne saurait avoir un oeil trop vigilant pour maintenir
la conservation de l’unité du Brésil, exposé à la dévorante